Un article récent du site IlliniTechs a mis en lumière une information qui agite la communauté des passionnés d’informatique. Selon eux, la future mise à jour de Windows 11, nommée 25H2, contiendrait une fonctionnalité cachée capable de débloquer un nouveau niveau de performance. Il ne s’agirait pas d’un simple ajustement, mais d’une refonte de la manière dont le système d’exploitation communique avec les processeurs modernes.
Bien que la version 25H2 reste un peu floue, la technologie qu’elle est censée optimiser est bien réelle et déjà présente dans de nombreuses machines. Nous allons voir comment cette « fonctionnalité cachée » s’inspire de technologies existantes et comment vous pouvez déjà en tirer parti.
L’avancée décrite : « Asynchronous Core Scheduling »
L’article d’IlliniTechs évoque une option nommée « Asynchronous Core Scheduling ». Selon leurs informations, cette technologie permettrait à Windows d’attribuer les tâches de manière plus intelligente aux différents cœurs du processeur. L’idée est de dédier en exclusivité les cœurs les plus rapides aux applications actives, comme un jeu ou un logiciel de création, tout en reléguant les tâches de fond (mises à jour, synchronisation, antivirus) aux cœurs les plus économes en énergie. Ce principe permettrait de maximiser la réactivité de l’application au premier plan et d’éliminer les micro-ralentissements causés par l’interruption des processus d’arrière-plan.
La base réelle : l’architecture hybride des processeurs modernes
Cette idée n’est pas de la science-fiction. Elle est une évolution directe d’une tendance bien réelle de l’industrie : l’architecture hybride. Popularisée par Intel depuis sa 12ème génération de processeurs Core, cette approche consiste à combiner sur une même puce deux types de cœurs différents. L’objectif est de dépasser la simple course à la fréquence pour offrir un équilibre entre la puissance brute et l’efficacité énergétique. Cette complexité matérielle, cependant, serait inutile sans un logiciel capable de l’exploiter intelligemment. C’est là que le rôle du système d’exploitation devient absolument central.
P-Cores vs E-Cores : les deux cerveaux du processeur
Pour comprendre cette technologie, il faut distinguer les deux types de cœurs. Les Performance-cores (P-Cores) sont les héritiers directs des cœurs de processeurs traditionnels. Ils sont plus grands, plus rapides, consomment plus d’énergie et sont conçus pour gérer les tâches lourdes et critiques qui demandent une puissance de calcul maximale. Les Efficient-cores (E-Cores) sont plus petits, plus lents, et beaucoup plus économes en énergie. Leur rôle est de gérer les multiples tâches d’arrière-plan, de maintenir le système réactif pour les opérations légères et d’améliorer l’autonomie des ordinateurs portables.
L’Intel Thread Director : le chef d’orchestre intégré
Pour que Windows sache quel cœur utiliser et à quel moment, Intel a développé un microcontrôleur directement intégré au processeur : le Thread Director. Ce dernier fonctionne comme un chef d’orchestre qui analyse les instructions de chaque programme en temps réel, à l’échelle de la nanoseconde. Il fournit ensuite des indications précises au planificateur de Windows, lui disant : « cette tâche est intensive, place-la sur un P-Core » ou « cette tâche tourne en fond, un E-Core suffira ». Cette communication matérielle est la clé qui permet à l’ensemble du système d’être à la fois performant et efficient.
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Le rôle de Windows 11 dans cette orchestration
Sans un système d’exploitation capable de comprendre ces indications, l’architecture hybride serait inefficace, voire contre-productive. C’est pourquoi Windows 11 a été spécifiquement optimisé pour dialoguer avec le Thread Director d’Intel. Le planificateur (scheduler) de Windows 11 est bien plus avancé que celui de Windows 10. Il sait désormais quelle tâche est prioritaire et quel type de cœur est le plus approprié pour l’exécuter. C’est cette synergie profonde entre le matériel et le logiciel qui constitue la véritable avancée en matière de performance sur les PC modernes.
L’impact concret sur les performances de jeu
Dans le domaine du jeu vidéo, les bénéfices de cette orchestration sont particulièrement visibles. Un jeu est une application très exigeante qui doit avoir la priorité absolue. L’ordonnanceur de Windows 11, guidé par le Thread Director, s’assure que tous les processus du jeu s’exécutent sur les P-Cores. Dans le même temps, il déplace les processus non essentiels comme Discord, les mises à jour en arrière-plan ou les logiciels de streaming (si l’encodage n’est pas prioritaire) sur les E-Cores. Cela évite que ces tâches de fond ne viennent « voler » du temps de calcul aux P-Cores, ce qui se traduit par un framerate plus stable et moins de saccades (stuttering).
Une révolution pour le multitâche et les créatifs
Les créateurs de contenu sont les autres grands gagnants. Imaginez un monteur vidéo qui lance un rendu 4K, une tâche extrêmement longue et gourmande. Avec un ordonnancement intelligent, Windows 11 peut assigner ce rendu aux E-Cores. Ces derniers, bien que moins rapides individuellement, sont nombreux et efficaces pour ce type de travail de fond. Pendant ce temps, les P-Cores restent entièrement libres, pour laisser travailler sur un autre projet, naviguer sur le web ou de préparer d’autres fichiers avec une fluidité parfaite. Et ce, sans que la machine ne soit complètement bloquée par le rendu.
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Le lien avec l’API DirectStorage et la philosophie de Microsoft
Cette fonctionnalité s’inscrit dans une stratégie plus large de Microsoft. Rappelez-vous DirectStorage, qui accélérait les transferts entre SSD et carte graphique. Le « Core Scheduling Asymétrique » poursuit cette logique. Les données arrivent plus vite ? Il faut maintenant que le processeur les traite efficacement. Microsoft ne se contente plus de gérer les ressources. Windows devient un vrai chef d’orchestre qui optimise chaque interaction entre composants. L’objectif est clair : extraire le maximum de performance de votre matériel. Cette approche systémique montre que Microsoft repense Windows en profondeur pour l’adapter aux architectures modernes.
Le mode « Performances ultimes » : le véritable paramètre caché
S’il existe bien un « paramètre caché » dans Windows aujourd’hui, c’est le mode de gestion de l’alimentation « Performances ultimes ». Ce profil, souvent masqué, est conçu pour réduire au minimum les micro-latences en empêchant le processeur de passer dans des états d’économie d’énergie. Pour l’activer, il faut ouvrir une fenêtre PowerShell en tant qu’administrateur et taper la commande powercfg -duplicatescheme e9a42b02-d5df-448d-aa00-03f14749eb61. Une fois activé dans les options d’alimentation, il garantit que les cœurs les plus rapides sont toujours prêts à répondre instantanément. C’est le réglage le plus proche de la philosophie « performance à tout prix » décrite par IlliniTechs.
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L’optimisation du système : un domaine au-delà du logiciel
Cette option nous rappelle une vérité simple : un PC performant, c’est un écosystème équilibré. Le meilleur ordonnanceur du monde ne sert à rien si votre processeur surchauffe. Un refroidissement défaillant et tout s’écroule. Pareil pour des pilotes graphiques datés ou une RAM insuffisante. Ils annulent tous les gains logiciels. La performance, c’est global : matériel, logiciel et maintenance doivent fonctionner ensemble. Cette nouvelle fonction n’est qu’une pièce du puzzle. Une pièce importante, mais qui doit s’intégrer dans un ensemble cohérent. Ainsi, chaque utilisateur doit en premier lieu assembler ce puzzle pour vraiment tirer parti de sa machine.
Et AMD dans tout ça ? Une approche différente
Il serait faux de croire qu’Intel est le seul acteur de cette course à l’ordonnancement intelligent. AMD, son principal concurrent, a adopté une stratégie différente. Plutôt que de miser sur des cœurs hétérogènes, AMD a innové avec sa technologie 3D V-Cache. En empilant une quantité massive de mémoire cache directement sur le processeur, ils réduisent considérablement le besoin pour le CPU d’aller chercher des informations dans la mémoire vive, plus lente. Cela procure des gains de performance spectaculaires dans les jeux. L’ordonnancement de Windows reste important, mais le goulot d’étranglement est attaqué d’une autre manière.
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Le nouveau front : les puces ARM et les PC Copilot+
Une nouvelle révolution est en marche avec l’arrivée des PC « Copilot+ » équipés de puces ARM, comme le Snapdragon X Elite de Qualcomm. Ces processeurs possèdent également une architecture hybride, mais elle est héritée du monde mobile. Le défi pour Microsoft est d’adapter son planificateur Windows pour qu’il soit aussi efficace sur ces nouvelles puces que sur celles d’Intel ou d’AMD. Les premières analyses montrent que Windows gère déjà très bien l’attribution des tâches sur ces plateformes, ce qui est crucial pour leur promesse de combiner haute performance et autonomie record.
Le futur de l’ordonnancement : l’IA aux commandes
La prochaine étape logique est l’ordonnancement prédictif géré par l’intelligence artificielle. On peut imaginer un futur où Windows apprendrait de vos habitudes d’utilisation. Il saurait quels logiciels vous utilisez le matin, anticiperait le lancement de votre jeu favori le soir, et pré-allouerait les ressources en conséquence. L’IA pourrait analyser le comportement d’une application en temps réel. Puis, ajuster dynamiquement la priorité et l’attribution des cœurs pour un équilibre parfait entre performance et consommation. L’optimisation ne serait plus un réglage ponctuel, mais un processus d’adaptation constant.
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