Alors que certains scrutent une possible dissolution si le gouvernement Lecornu vacille, d’autres ont déjà les yeux rivés sur 2027. Le dernier sondage Ifop-Fiducial, réalisé pour L’Opinion et Sud Radio, met le feu aux poudres.
Testés dans six scénarios différents, les principaux prétendants se retrouvent projetés dans une course encore pleine d’incertitudes. À dix-huit mois de la présidentielle, une chose est sûre : le Rassemblement national domine sans partage.
Bardella et Le Pen, un tandem explosif au sommet
👉Quatre mois après le dernier sondage présidentiel, @IfopOpinion – @Fiducial pour @SudRadio et @lopinion_fr publient une nouvelle enquête électorale sur les intentions de vote à la prochaine élection présidentielle.
— Ifop Opinion (@IfopOpinion) September 29, 2025
Ce sondage marque un tournant : il met en lumière une… pic.twitter.com/goT6yU47Nm
Le premier enseignement du sondage est sans appel : le RN s’installe au-dessus des 33%. Dans certaines hypothèses, Jordan Bardella dépasse même Marine Le Pen d’un ou deux points. Un résultat qui montre que la base électorale nationaliste s’adapte vite, qu’importe qui porte l’étiquette. Les militants et sympathisants ont déjà intégré que Bardella pourrait remplacer sa présidente, empêchée pour l’instant de briguer un quatrième passage par l’Élysée.
Dans le détail, les scores obtenus rappellent ceux déjà engrangés lors des européennes et des législatives anticipées. Le parti flamme reste donc dans sa zone de confort, mais la transforme en tremplin. Et quand on regarde les écarts, le RN fait plus du double de ses adversaires directs dans certains cas. Cela laisse entrevoir une avance considérable dès le premier tour.
Ce duo Bardella-Le Pen, présenté comme interchangeable, permet au RN de sécuriser sa position. Si Le Pen reste une figure historique, Bardella incarne une nouvelle génération, jeune et prête à prendre le relais. Ce double visage donne au parti une flexibilité rare, et une impression de continuité stratégique. Les électeurs semblent rassurés par cette organisation qui ne repose plus seulement sur un nom.
Pour l’instant, rien n’indique lequel des deux prendra la ligne de départ officielle. Toutefois, ce sondage a un effet immédiat. L’idée d’un RN absent du second tour est difficile à envisager. Le parti réussit là où d’autres peinent : s’imposer comme la valeur sûre de 2027, même dans l’incertitude.
Philippe, le dernier pilier d’un bloc central fragilisé
Édouard Philippe est le seul à maintenir son camp dans la course. Le maire du Havre obtient entre 16 et 19% des intentions de vote. Cela lui permet de figurer dans presque tous les scénarios comme adversaire potentiel du RN au second tour. Cependant, cette position, encore solide, n’a rien d’assurée. Ses scores varient selon les noms en face de lui, preuve que son socle électoral n’est pas totalement verrouillé.
Le problème est clair : le bloc central perd en influence. Gabriel Attal plafonne à 10%. Gérald Darmanin descend à 7%. François Bayrou, lui, n’attire que 3%. Une chute collective qui laisse Philippe seul porteur de l’héritage macroniste, quoique sans véritable dynamique autour de lui. Le sondage montre un candidat qui résiste, mais qui recule légèrement par rapport aux enquêtes précédentes.
Si Olivier Faure représente le Parti socialiste, Philippe s’en sort mieux. Seulement, dès que Raphaël Glucksmann entre dans l’équation, le rapport de force change. Le fondateur de Place publique parvient à talonner l’ancien Premier ministre. C’est ce décalage qui inquiète les soutiens d’Horizons : l’ancien pilier du macronisme n’est plus intouchable.
Philippe conserve l’image d’un homme d’expérience, capable de rallier des électeurs modérés. Bien entendu, sa trajectoire dépendra surtout de la capacité de ses concurrents à lui grappiller des points. Et pour l’instant, l’ombre de Glucksmann se rapproche.
Et la surprise qui mord dans l’électorat macroniste c’est…
Le sondage confirme la montée en puissance de Raphaël Glucksmann. Le député européen de Place publique, allié au PS, grimpe entre 14 et 16%. Dans certains scénarios, il n’est qu’à un petit point de Philippe. Une performance notable qui pourrait, dans la meilleure hypothèse, l’envoyer directement au second tour contre Bardella.

Ce score montre surtout que Glucksmann attire un électorat en quête de repères. Beaucoup d’anciens électeurs macronistes se reconnaissent davantage dans sa ligne sociale-démocrate que dans les autres figures centristes. Frédéric Dabi, de l’Ifop, l’a d’ailleurs souligné sur LCI : il est devenu le « réceptacle » de ces électeurs déçus.
Autre signal fort : Glucksmann devance largement Jean-Luc Mélenchon. Le leader insoumis plafonne à 12 ou 13%. Une différence qui illustre la victoire momentanée de la gauche modérée face à la gauche radicale. Glucksmann dépasse aussi Olivier Faure et Fabien Roussel, qui restent à des niveaux trop faibles pour peser.
Le quadragénaire réussit donc à transformer sa notoriété européenne en capital national. Cette percée change la donne, car elle affaiblit la gauche traditionnelle et le bloc central.
La droite classique et les outsiders à la traîne
Côté Républicains, Bruno Retailleau obtient entre 9 et 13%. C’est mieux que Valérie Pécresse en 2022. Evidemment, cela reste insuffisant pour viser le second tour. Sa présence témoigne d’un électorat encore fidèle, quoique incapable de peser au-delà d’un cercle limité. La droite traditionnelle, malgré sa notoriété, peine à retrouver son souffle.
Dominique de Villepin, de son côté, fait parler de lui avec des scores entre 4 et 6%. Sa stature d’ancien Premier ministre lui assure une visibilité, mais pas assez pour s’approcher du second tour. Même constat pour Éric Zemmour, qui se maintient autour de 4 à 5%. Ces deux figures médiatiques risquent de ne même pas atteindre le seuil des 5% nécessaires pour se faire rembourser leurs frais de campagne.
L’absence de candidature écologiste testée laisse aussi une impression de vide. Les Verts, souvent divisés, n’apparaissent pas dans ce sondage, ce qui réduit leur visibilité à un moment stratégique. Les électeurs sensibles aux questions environnementales pourraient donc se tourner vers d’autres candidats, accentuant encore la redistribution des voix.
Face à la domination du RN et à la montée de Glucksmann, ces outsiders semblent condamnés à rester en marge. Leur poids politique se réduit, même s’ils continuent d’animer le débat. Et à dix-huit mois de l’échéance, leur marge de progression paraît très limitée.
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