Alors que l’Occident redoute l’éclatement d’une bulle spéculative autour de l’IA, Pékin prend la voie inverse : accélérer et tout miser sur l’intelligence artificielle. Son plan décennal, dévoilé par le Conseil d’État, trace la feuille de route d’une transformation radicale qui pourrait bouleverser l’équilibre mondial d’ici 2035…
Tandis que les analystes américains multiplient les avertissements sur un « pop » de la bulle IA, la Chine avance sans trembler.
Le Conseil d’État vient de présenter un plan de dix ans visant à faire de l’intelligence artificielle un moteur central de croissance.
Les étapes sont claires :
- D’ici 2027, intégrer l’IA dans six piliers clés de la société (science et technologie, bien-être citoyen, industrie, consommation, gouvernance et relations internationales).
- D’ici 2030, atteindre un taux d’adoption de 90 %, l’IA devenant une véritable infrastructure nationale.
- À l’horizon 2035, remodeler entièrement la société et l’économie pour entrer dans une nouvelle ère de production « intelligente ».
Et Pékin n’oublie pas la diplomatie : l’IA doit être considérée comme un « bien public mondial », avec un accent mis sur l’open source, l’aide aux pays du Sud et un rôle central confié à l’ONU pour la régulation.
Des investissements colossaux
Les moyens suivent l’ambition. Pékin a déjà mobilisé près de 100 milliards de dollars pour lancer la machine.
- Alibaba injectera entre 50 et 53 milliards dans le cloud et l’IA au cours des trois prochaines années.
- Le Big Fund III met sur la table 47,5 milliards pour soutenir la production nationale de puces.
- Un fonds IA initial de 8,2 milliards a été lancé début 2025 pour structurer l’écosystème.
Selon Morgan Stanley, ces investissements devraient s’amortir dès 2028, pour atteindre un rendement spectaculaire de +52 % en 2030.
La bataille des puces
Si l’IA est le cerveau, les puces en sont le carburant. Pékin veut tripler sa capacité de production de semi-conducteurs dédiés à l’IA d’ici 2026.
Huawei et SMIC montent de nouvelles lignes capables de graver à 7 nm, malgré les sanctions occidentales.
La croissance de la puissance de calcul « intelligente » est estimée à +46,2 % par an jusqu’en 2028, contre seulement 18,8 % pour l’informatique classique.
Parmi les champions locaux, Cambricon se rêve en rival de Nvidia. Valorisé près de 80 milliards de dollars, il vise un chiffre d’affaires de 5 à 7 milliards dès 2025, avec une part de marché multipliée par trois d’ici 2028.
Un marché vertigineux
Le marché chinois de l’IA pourrait peser 1,4 trillion de dollars dès 2030. D’ici 2035, l’IA contribuerait à hauteur de 11 trillions de yuans (≈ 1,5 trillion $) au PIB national.
Les retombées ne se limitent pas au secteur : Pékin estime à 100 milliards $ le chiffre d’affaires direct de l’IA d’ici 2030, mais surtout 1 trillion $ de valeur ajoutée induite dans la santé, l’industrie, la recherche et les services.
Entre promesse et défi
L’écart avec les États-Unis se réduit à grande vitesse : en 2023, les modèles américains surclassaient les modèles chinois dans 13 % des tests de raisonnement. Un an plus tard, cet écart n’était plus que de 8,1 %.
Mais la route reste semée d’embûches : opacité des modèles, biais, consommation énergétique colossale, dépendance persistante à certaines technologies clés.
Pékin mise sur la coordination étatique pour éviter les dérives spéculatives, là où l’Occident craint déjà l’éclatement d’une bulle.
Avec son plan 2035, la Chine ne se contente pas de participer à la course mondiale à l’IA : elle veut en redéfinir les règles.
Transformer son économie, moderniser sa société et s’imposer comme leader technologique mondial.
Une stratégie audacieuse, aux promesses vertigineuses et aux risques tout aussi immenses. Reste à savoir si l’IA, encore imparfaite, pourra réellement porter ce nouveau modèle…
Et vous, qu’en pensez-vous ? La Chine peut-elle dominer le monde grâce à l’IA ? Ou mise-t-elle sur le mauvais cheval ? Partagez votre avis en commentaire !
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