Depuis quelques jours, au Royaume-Uni, accéder à un site porno, c’est compliqué. C’est un peu comme entrer en boîte de nuit avec une carte Pokémon à la place d’une carte d’identité. On vous regarde de travers, on vous demande des preuves, et si ça ne suit pas, c’est porte close.
Tout ça à cause d’Online Safety Act, en vigueur depuis le 25 juillet. Cette loi impose aux sites internet britanniques de vérifier l’âge de leurs utilisateurs avant de leur donner l’accès à tout contenu à caractère pornographique.
Et attention, c’est mal barré pour les contrevenants. Car, cette loi, appliquée sous la supervision de l’Ofcom, prévoit des sanctions particulièrement lourdes en cas de manquement. Jusqu’à 18 millions de livres sterling d’amende ou 10 % du chiffre d’affaires mondial du site.
Mais il y a une faille. Au fait, l’Ofcom a listé plusieurs méthodes qu’il juge acceptables. Parmi elles, la vérification par carte de crédit, par pièce d’identité… ou une estimation de l’âge à partir d’un selfie.
Sauf que c’est justement cette dernière qui présente des lacunes. Des brèches que quiconque peut exploiter.
Qu’est-ce que le jeu Death Stranding fait dans cette histoire ?
Normalement, l’Online Safety Act cible en priorité les plateformes de divertissement pour adultes comme YouPorn, Pornhub et leurs équivalents. Cependant, Discord n’échappe pas non plus à la nouvelle réglementation.
Car voyez-vous, cette plateforme de messagerie permet le partage de contenus explicites sans véritable filtrage. Elle est donc aussi contrainte de se conformer à la loi. Et pour répondre à cette exigence, Discord a opté pour la solution K-id.
Il s’agit d’un logiciel capable de vérifier l’âge des internautes soit par numérisation d’une pièce d’identité, soit par analyse faciale via un selfie. Seulement, ce système peut être trompé.
Comment ? Grâce au jeu Death Stranding 2. Ce jeu propose un mode « photo » très réaliste où on peut prendre une image du personnage principal, Sam Porter Bridges et l’utiliser lors de l’analyse faciale. Pourquoi ? Car le visage est tellement bien fait que K-id pense que c’est un vrai humain.
D’ailleurs, comme avec tout système de ce genre, le logiciel demande à l’utilisateur de changer son expression (sourire, ouvrir la bouche…). Mais ça aussi, on peut le contourner. Il suffit de changer les expressions du personnage.
Ce n’est pas drôle !
Si cette anecdote a de quoi faire sourire, elle soulève de véritables interrogations sur la robustesse des outils de vérification basés sur l’image. Il est évident qu’un visage, aussi crédible soit-il, ne prouve ni l’identité, ni l’âge de la personne.
Nous savons tous que certains ados de 14 ans ont déjà l’allure de jeunes adultes. Et puis, dans un monde où les images générées par l’IA ou les jeux vidéo deviennent presque impossibles à distinguer du réel, les dérives sont inévitables.
La France doit en prendre note. Surtout que le débat s’invite également dans l’actualité française. Avec l’Arcom, Clara Chappaz, Ministre déléguée chargée de l’Intelligence Artificielle et du Numérique, travaillent aussi activement à la mise en place de dispositifs similaires pour les plateformes pornographiques.
Cette anecdote britannique pourrait bien devenir le défi des français de demain. Mieux vaut s’y préparer.
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