Bien avant qu’OpenAI, Google ou Anthropic n’entrent dans nos conversations, un penseur français avait déjà tout vu venir.
C’était à une époque où le Minitel faisait encore rêver les foyers français. Jean Baudrillard imaginait déjà un monde peuplé d’écrans, de réseaux et… d’intelligences artificielles capables de penser à notre place.
Et si Jean Baudrillard avait eu raison sur tout ?
Au milieu des années 1980, pendant que certains découvraient le fax et le répondeur, Jean Baudrillard réfléchissait déjà à l’avenir des machines. Le philosophe voyait dans ces gadgets d’époque les prémices d’une révolution bien plus profonde.
Dans Simulacres et Simulation (1981), il décrivait un monde où la copie prend le pas sur la réalité. Hollywood s’en est d’ailleurs inspiré pour Matrix, preuve que ses idées ont traversé les décennies.
En 1986, il lançait une phrase qui résonne étrangement aujourd’hui : « la scène et le miroir ont cédé la place à un écran et à un réseau ». Pour lui, chacun allait se retrouver seul devant une machine, coupé du reste du monde. Comme un astronaute dans sa bulle. Ce qu’il décrivait ressemblait à s’y méprendre à nos vies actuelles, collées à nos smartphones, les yeux rivés sur les notifications.
Baudrillard voyait déjà venir cette dépendance technologique. Selon lui, plus la technologie avance, plus l’humain se replie. Il comprenait avant tout le monde que ces écrans allaient devenir des extensions de nous-mêmes. Pas seulement des outils, mais des partenaires invisibles, à même de tout faire pour nous…
Et c’est là que son intuition devient presque prophétique. Trente ans avant ChatGPT, il affirmait que l’homme finirait par déléguer son intelligence à la machine. Non pas par paresse, mais par fascination. Il croyait que la technologie allait nous hypnotiser jusqu’à nous faire préférer le spectacle de la pensée… plutôt que la pensée elle-même.
Avons-nous vendu notre pensée à la machine ?
Dans les années 1990, Baudrillard écrivait que l’intelligence artificielle serait une « prothèse mentale ». Une aide qui finit par décider à notre place. Exactement ce que font aujourd’hui les grands modèles de langage. Nous leur confions nos mails, nos idées, nos décisions, nos doutes. Et souvent, sans même s’en rendre compte, nous laissons l’IA réfléchir pour nous.
Il prévenait déjà que cette dépendance allait effacer peu à peu notre humanité. Pas par domination, mais par abandon. Pour lui, l’IA ne nous asservit pas, elle nous déshabitue à penser seuls, tout simplement. Et il faut croire que sa vision semble d’autant plus pertinente face à l’explosion actuelle de l’IA générative.
Quand certains tombent amoureux de chatbots, ou consultent ChatGPT avant de consulter un ami, on touche au cœur même de son concept d’« hyperréalité ». Les deepfakes, les avatars et les stars virtuelles comme Tilly Norwood ne font que confirmer ses craintes.
Baudrillard avait compris avant tout le monde que le danger ne venait pas des machines elles-mêmes. Le vrai risque, c’est notre tendance à les vénérer. Nous les transformons en oracles capables de trancher sur nos émotions, nos amours, nos décisions. Et à force d’écouter leurs réponses, on finit par oublier la nôtre.
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