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Comprendre le malvertising : un fléau des publicités en ligne

Avec l’explosion du numérique, les cyberattaques se cachent même là où on ne les attend pas : dans les publicités. Cliquez sur une bannière anodine, et hop : un malware s’installe à votre insu. Ni les particuliers ni les entreprises ne sont à l’abri. Le malvertising vous guette dès que vous surfez. Il permet de pirater vos données ou comptes bancaires en quelques secondes. Décryptage d’une menace invisible… et des solutions pour s’en protéger.

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Qu’est-ce que le malvertising ?

Le terme malvertising provient de la contraction des mots malicious (malveillant) et advertising (publicité). Il désigne alors une méthode d’attaque sophistiquée où les cybercriminels exploitent des réseaux publicitaires légitimes pour diffuser des codes malveillants via des annonces infectées. Contrairement aux attaques directes comme le phishing, cette technique permet une propagation à grande échelle. Elle contourne les mécanismes traditionnels de détection.

Le malvertising repose ainsi sur l’exploitation des Real-Time Bidding (RTB) et des Supply-Side Platforms (SSP). Ce sont des systèmes automatisés d’achat et de diffusion de publicités en ligne. Les attaquants injectent des scripts malveillants dans des bannières ou vidéos publicitaires, via des iFrames invisibles ou des redirections JavaScript obfusquées. Ces éléments déclenchent donc des exploits kits (tels que Angler ou Rig). Ils sondent les vulnérabilités des navigateurs tels que Chrome, Firefox ou des plugins (Flash, Java) pour exécuter du code arbitraire.

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Comment fonctionne le malvertising ?

Le malvertising s’infiltre discrètement dans l’écosystème publicitaire numérique. Il exploite les failles des plateformes pour diffuser du contenu malveillant sous couvert d’annonces légitimes. Cette menace suit, en effet, un processus en plusieurs étapes. Sa démarche va de l’intrusion initiale à l’exécution du code malveillant sur les appareils des victimes.

Etape 1 : infiltration des réseaux publicitaires

Les cybercriminels accèdent aux espaces publicitaires en se faisant passer pour des annonceurs respectables. Pour cela, ils utilisent des comptes publicitaires compromis ou créent des sociétés fictives, leur permettent d’éviter la détection. Via des Demand-Side Platforms (DSP), ils intègrent leurs annonces dans des campagnes classiques et infiltrent ainsi le système de manière quasi indétectable.

Etape 2 : diffusion d’annonces piégées

Une fois validée, l’annonce malveillante est diffusée sur des sites tiers via des ad exchanges. Elle échappe aux contrôles grâce aux failles des processus de vérification manuelle. Derrière son apparence anodine, elle cache un payload conçu pour exploiter les vulnérabilités des systèmes et des utilisateurs. Celui-ci peut ainsi se manifester sous différentes formes : un redirector vers un site infecté, un drive-by download qui exploite une faille non corrigée (zero-day vulnerability) ou un clickjacking. L’internaute est alors invité à cliquer involontairement sur un élément malveillant.

Etape 3 : exécution du code malveillant

Dès que l’utilisateur charge la page contenant l’annonce frauduleuse, une connexion est établie avec un serveur de Command & Control (C2). il est chargé d’analyser la cible et d’exécuter l’attaque. Si l’appareil est jugé vulnérable, le malware est discrètement téléchargé et activé. Il ouvre la porte à diverses menaces : droppers qui installent des charges malveillantes. Les cryptojackers exploitent les ressources pour miner des cryptomonnaies tandis que les Remote Access Trojans (RATs) permettent aux attaquants d’accéder aux données sensibles.

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Pourquoi le malvertising est-il si difficile à détecter ?

Une particularité redoutable du malvertising réside dans son approche polymorphique. Les annonces malveillantes changent régulièrement de signature pour éviter les systèmes de détection basés sur des règles statiques comme les signatures antivirus. De plus, certaines campagnes utilisent le cloaking, une technique qui masque le contenu malveillant aux analystes et aux victimes potentielles. Même les régies publicitaires les plus rigides peuvent parfois laisser passer des annonces malveillantes sans s’en apercevoir immédiatement.

Une traçabilité rendue complexe par l’écosystème publicitaire

Dans l’univers des réseaux publicitaires numériques, l’interconnexion entre différentes plateformes et serveurs crée un environnement opaque. La traçabilité des campagnes devient un véritable défi. Les enchères en temps réel impliquent une multitude d’intermédiaires. Cette complexité technique fait qu’une simple bannière peut transiter par une succession de serveurs avant d’atteindre son affichage final. Cette pratique rend l’identification des sources malveillantes particulièrement ardue.

Des techniques d’évasion de plus en plus sophistiquées

Les cybercriminels exploitent cette situation en adoptant des stratégies d’évasion avancées. Grâce aux domaines générés algorithmiquement, ils évitent les mécanismes de blocage traditionnels. Puis, l’utilisation de liens polymorphes leur permet de contourner les systèmes de détection. Leur capacité à ajuster en permanence leurs tactiques rend leur traçabilité encore plus difficile, qui compliquent les efforts des régulateurs et des entreprises de cybersécurité.

L’exploitation des vulnérabilités côté serveur

Certaines attaques vont encore plus loin et exploitent des failles présentes sur les serveurs publicitaires. Des injections SQL insérées discrètement dans les balises publicitaires leur donnent la possibilité de modifier le contenu après validation pour échapper aux contrôles initiaux. Cette manipulation postérieure leur permet de contourner les vérifications standards et d’infiltrer des réseaux auparavant jugés sécurisés.

Un défi permanent pour les systèmes de vérification

Même les solutions de vérification les plus avancées, comme celles proposées par AdX ou DoubleVerify, peinent à contrer ces tactiques ingénieuses. Des pages d’atterrissage soigneusement falsifiées, dotées de certifications apparentes, permettent à ces acteurs de donner une façade légitime à leurs annonces.

De plus, les hackers profitent des délais inhérents à la mise à jour des filtres de sécurité pour insérer leurs campagnes frauduleuses avant que les contre-mesures ne soient effectives. Ce perpétuel jeu du chat et de la souris souligne les défis de la lutte contre les menaces publicitaires sur le web. Les défenses doivent constamment évoluer pour suivre le rythme des attaques émergentes.

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L’évolution des techniques de malvertising

Au fil des années, le malvertising a profondément évolué. Traditionnellement, les cybercriminels utilisaient des bannières statiques pour diffuser leurs codes malveillants. Aujourd’hui, les méthodes sont plus sophistiquées grâce à l’utilisation de vidéos ou d’animations interactives qui captent l’attention des utilisateurs et augmentent leurs chances de succès.

Afin de tromper les filtres de sécurité, de nombreux acteurs malintentionnés exploitent aussi le réseau publicitaire dans son ensemble. Quand ils compromettent des serveurs de diffusion ou remplacent discrètement du contenu légitime par du contenu infecté, ils rendent la tâche des défenseurs plus difficile et étendent leur influence.

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Quels sont les risques liés au malvertising ?

Le malvertising menace directement la sécurité des données personnelles. Une attaque réussie peut exposer des informations sensibles comme les identifiants bancaires, les mots de passe ou d’autres données privées. Les plateformes publicitaires légitimes peuvent aussi en souffrir. Sans le vouloir, elles peuvent héberger des annonces malveillantes, ce qui nuit à leur réputation et les oblige à renforcer leurs contrôles de sécurité et entraîne des coûts supplémentaires.

Impact économique et social

Le malvertising cause des pertes financières importantes. Les entreprises touchées doivent payer pour restaurer leurs systèmes et gérer d’éventuels litiges liés aux violations de données. Sur le plan social, ce type d’attaque crée une méfiance envers la publicité en ligne. La peur d’être redirigé vers un site dangereux réduit l’engagement des internautes et freine l’activité numérique.

Comment se protéger contre le malvertising ?

La protection passe par plusieurs mesures essentielles. Mettre à jour régulièrement ses logiciels, systèmes d’exploitation et navigateurs limite les failles exploitables par les attaquants. Un bon logiciel antivirus est indispensable. Il détecte les fichiers suspects et repère les comportements inhabituels, empêchant les codes malveillants de s’exécuter.

Qui joue un rôle dans la lutte contre le malvertising ?

Les plateformes publicitaires doivent améliorer leurs contrôles et renforcer leurs filtres pour empêcher les contenus frauduleux de circuler. Des entreprises comme Google Ads, The Trade Desk et AppNexus investissent dans des algorithmes avancés pour filtrer les publicités malveillantes dès leur entrée dans le réseau publicitaire. Les utilisateurs aussi ont un rôle à jouer. S’ils se tiennent informés sur les nouvelles menaces et évitent de cliquer sur des publicités douteuses, ils limitent leur exposition aux attaques.

Quels outils spécifiques pour détecter le malvertising ?

La détection du malvertising repose sur des outils spécialisés capables d’analyser les flux de données et d’identifier les activités suspectes en temps réel. Parmi les solutions les plus efficaces :

  • Outils de surveillance des annonces comme : Confiant ou GeoEdge scannent les publicités en amont et identifient les anomalies dans les campagnes publicitaires avant leur diffusion.
  • Pare-feu avancés avec inspection HTTP/S : des solutions comme Palo Alto Networks ou Fortinet intègrent une analyse comportementale des connexions HTTP pour repérer les anomalies liées aux publicités malveillantes. Ces pare-feu bloquent les requêtes suspectes avant qu’elles n’atteignent l’utilisateur.
  • Sandboxes d’analyse de malware : des outils tels que VirusTotal, Cuckoo Sandbox ou Hybrid Analysis exécutent les scripts et le code publicitaire dans un environnement isolé pour déterminer s’ils sont malveillants.
  • Systèmes d’analyse des flux réseau (IDS/IPS) : des technologies comme Suricata ou Zeek (anciennement Bro) surveillent les paquets réseau pour détecter les signatures d’exploits publicitaires et bloquer les activités malveillantes.

Limites des solutions actuelles

Malgré les progrès réalisés, il reste des limites inhérentes aux solutions de détection du malvertising. En fonction de leur conception, certains outils échouent à identifier correctement des signatures de logiciels malveillants nouveaux ou modifiés. Les approches basées sur le comportement, bien que plus adaptatives, nécessitent des ajustements réguliers face à l’ingéniosité croissante des pirates.

Par ailleurs, la rapidité à laquelle de nouvelles variantes de malvertising émergent rend difficile la mise en place continue de contre-mesures efficaces. Cela demande donc une vigilance accrue combinée à un investissement pour mettre à jour et affiner les technologies de détection en place.

Initiatives et collaborations pour mitiger le malvertising

Certaines initiatives internationales émergent dans le but de renforcer la lutte globale contre le malvertising. Des groupes comme MISP (Malware Information Sharing Platform) et FIRST (Forum of Incident Response and Security Teams) facilitent le partage d’informations pour mieux anticiper les attaques émergentes.

En parallèle, des conférences consacrées exclusivement à la thématique réunissent chercheurs, ingénieurs et praticiens pour développer ensemble des solutions novatrices qui visent à réduire l’impact de la publicité malveillante. Ces forums offrent une tribune privilégiée pour l’échange d’expériences et la co-création de stratégies de défense adaptées à cette menace complexe. Des événements comme Black Hat, DEF CON et le RSA Conference réunissent des experts en cybersécurité pour développer des méthodes innovantes contre les menaces publicitaires.

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