Vous pensiez que votre boîte mail était déjà envahie par les newsletters ? Attendez de voir ce que prépare l’Assurance maladie Ameli. Tous les dix jours, un petit rappel en forme de notification va s’inviter dans vos mails.
Après avoir rangé au placard les arrêts de travail papier blindés de protections, l’Assurance maladie change encore de méthode. Le but est d’alerter sur le coût réel de notre système de santé. Mais pas seulement.
Votre boîte mail devient une extension d’Ameli
Ces nouveaux mails jouent un rôle plus subtil. Celui de vous inciter à consulter vous-même votre compte Ameli. Chaque assuré se voit ainsi transformé en surveillant attentif de son propre dossier médical.
L’époque où les remboursements étaient perçus comme une simple formalité administrative, c’est fini. L’Assurance maladie veut que vous preniez part au contrôle, presque comme un réflexe citoyen.
A noter que ce changement n’arrive pas par hasard. Le déficit colossal de 13,8 milliards d’euros pèse lourd dans les comptes. Chaque jour, notre système de santé engloutit plus de 600 millions d’euros. Et pour mille euros dépensés, cinquante-quatre partent dans le rouge. Un gouffre que les autorités espèrent combler, en partie, par cette vigilance accrue.
Marc Scholler, directeur délégué en charge de la lutte contre la fraude, explique qu’un problème majeur vient du tiers payant généralisé. Ce mécanisme, en donnant l’illusion de la gratuité, pousse les patients à ne plus contrôler leurs relevés. Résultat, des anomalies passent comme une simple formalité, sans jamais attirer l’œil.
Avec ces mails réguliers, l’Assurance maladie espère casser cette indifférence. Une sorte de réveil collectif, par une contrainte douce, qui installe un nouveau réflexe : cliquer, vérifier et, si besoin, signaler.
Les fraudeurs ne sont pas toujours ceux que l’on croit
L’Assurance maladie rappelle que les patients ne sont pas les champions de la fraude. Plus de 70 % des escroqueries détectées en 2024 venaient des professionnels de santé eux-mêmes.
On parle d’actes fictifs, jamais réalisés, ou de factures gonflées discrètement, au détriment du système. Rien que l’an dernier, 628 millions d’euros de paiements indus ont été bloqués.
Marc Scholler raconte une histoire édifiante. Un patient paie 40 euros pour un détartrage. Deux jours plus tard, en consultant son compte Ameli, il découvre une facture de 8 000 euros pour des prothèses inexistantes.
Sans ce réflexe de vérification, l’escroquerie serait passée inaperçue. L’Assurance maladie veut multiplier ces « coups d’œil » citoyens pour débusquer ce genre de pratiques.
Pour rendre l’opération accessible, une procédure simplifiée a été pensée. Depuis l’espace Ameli, il suffit de cliquer sur le chatbot en bas de l’écran. Un simple mot-clé « Remboursement des soins » permet d’accéder au bouton « Signaler un acte médical ou un soin non réalisé ». L’assuré peut alors détailler l’anomalie repérée.
Dès 2026, la démarche sera encore plus simple. Un bouton de signalement direct apparaîtra dans la rubrique « Mes paiements », pour raccourcir les étapes. Plus besoin de chercher, le système sera conçu pour capter rapidement les anomalies.
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