L’Etat islamique tente un come-back 2.0 en exploitant l’IA comme accélérateur de propagande. Les services secrets britanniques alertent que Daesh ou le recrutement djihadiste se modernise et cible désormais les jeunes connectés.
La semaine dernière, un jeune Britannique de 18 ans originaire du sud de Londres a été arrêté à l’aéroport de Gatwick, alors qu’il tentait de rejoindre Istanbul, puis la Syrie, pour intégrer les rangs de l’État islamique. L’affaire, transférée à l’Old Bailey, a immédiatement ravivé les inquiétudes du MI5 et du MI6. Et pour cause : cette tentative est le symptôme d’une nouvelle offensive numérique orchestrée par Daesh.
La propagande de Daesh automatisée et redoutablement rapide
Selon des sources du renseignement britannique, l’organisation terroriste utilise désormais des outils d’IA générative pour traduire et diffuser des contenus extrémistes rapidement à égaler pour les modérateurs des plateformes sociales. Le MI6 surveille ce que certains agents décrivent comme une “arme de propagande” nouvelle génération.
Le principe est de prendre des textes issus d’Al-Naba, l’hebdomadaire de l’EI, les traduire automatiquement en dizaines de langues, puis les injecter sur Facebook et divers réseaux sociaux. Ainsi, les contenus circulent largement avant d’être supprimés. Et cela contamine des communautés entières, parfois très jeunes.
Et apparemment, Daesh crée désormais de faux reportages, des images truquées cohérentes, des récits présentés comme du “journalisme”. Le tout est généré par IA, calibré pour paraître crédible et taillé pour les esprits habitués aux plateformes de streaming et aux serveurs de jeux.
Pour un analyste cité par le Daily Signal, c’est une insurrection en réseau, un califat virtuel où les recrues n’ont même plus besoin de se déplacer. Elles deviennent des “soldats idéologiques”, enrôlés depuis leur chambre, parfois avant même leur majorité.
Un retour de flamme sécuritaire qui inquiète Londres
Pour les services britanniques, le timing est particulièrement sensible. D’après Sir Ken McCallum (MI5), Al-Qaïda et l’EI reprennent du terrain au Moyen-Orient et dans la Corne de l’Afrique. Ils profitent ainsi de l’instabilité locale. Ces gains sur le terrain alimentent ensuite la machine à propagande en ligne, et cela renforce l’idée d’un Daesh renaissant.
Sur le plan militaire, le Royaume-Uni poursuit son implication dans l’opération Shader. En septembre, une frappe britannique a éliminé un combattant présumé de Daesh tentant d’entrer en Syrie. Mais malgré ces efforts, de petites cellules de l’organisation multiplient les attaques de guérilla.
🚨🇬🇧 ISLAMIC STATE USING AI TO RECRUIT BRITISH JIHADISTS
— British Intel (@TheBritishIntel) November 17, 2025
MI5 has confirmed that Islamic State is back on the rise – and now using artificial intelligence to target young Britons for radicalisation and recruitment.
🔴 AI-generated propaganda pushed across social media
🔴 Instant… pic.twitter.com/r5qSFwZcrt
Pendant ce temps, le MI5 croule sous les dossiers. Notamment, +35 % de personnes surveillées, 19 attentats déjoués depuis 2020, et une tendance très inquiétante. Dont 1 suspect sur 5 arrêté pour terrorisme a moins de 17 ans. C’est une preuve de plus que la radicalisation numérique est en train de muter.
Par ailleurs, d’après Ali, le doctorant interrogé par le Daily Signal, Daesh utilise maintenant des cryptomonnaies pour brouiller les pistes. Ainsi, l’organisation veut financer ses opérations via un “écosystème sans identités”, quasiment impossible à tracer.
Il appelle à donc une alliance renforcée : services secrets + entreprises tech + GAFI (Groupe d’action financière) + programmes d’éducation numérique. Le but est de casser les chaînes de diffusion automatisées, détecter plus vite les deepfakes extrémistes, et immuniser les jeunes publics. “Pour vaincre le califat de l’IA, il faudra penser comme des ingénieurs” résume-t-il.
Et à Londres, MI5 comme MI6 ont bien compris que la prochaine bataille ne se jouera pas seulement sur le terrain, mais aussi sur les algorithmes.
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