Les cryptomonnaies sont de plus en plus utilisées par les criminels, selon le rapport annuel de Chainalysis. Toutefois, les efforts des autorités pour fermer les marchés du Dark Web semblent enfin porter leurs fruits depuis cette année… découvrez comment le Bitcoin et autres crypto sont investis dans l’illégal.
Les détracteurs des cryptomonnaies reprochent souvent à ces devises numériques d’être utilisées majoritairement par des dealers de drogue et autres criminels sur le marché noir.
Même s’il existe de nombreux cas d’usage licites de la cryptomonnaie, force est d’admettre que beaucoup s’en servaient dès le départ pour faire des achats sur Silk Road : le tout premier marché du Dark Web.
Alors, la cryptomonnaie est-elle vraiment la monnaie des criminels ? Afin de vérifier comment sont dépensés les Bitcoins et autres tokens, plusieurs entreprises telles que Chainalysis, CipherTrace et Crystal Blockchain analysent les données des blockchains.
Chaque année, Chainalysis publie son rapport Crypto Crime Report retraçant l’usage de la cryptomonnaie sur différents types de crimes comme les arnaques numériques, les ransomwares, les violations de sanctions nationales ou le financement du terrorisme.
Les dépenses illégales de cryptomonnaies sont en hausse
Selon l’édition 2021 du rapport, publiée en février 2022, 14 milliards de dollars en cryptomonnaies étaient liés à des activités illicites au cours de cette année. Au total, on estime que 22% du PIB mondial de 80 billions de dollars est dépensé dans l’illégal. Le crypto-crime ne représente donc qu’une infime proportion de cette somme.
Quoi qu’il en soit, le volume de cryptomonnaie investi dans l’activité illicite a augmenté entre 2020 et 2021. La part illicite des transactions de crypto a toutefois diminué depuis 2019 pour tomber à 0,15%. Même si le montant de financement illicite augmente, l’usage légitime de la crypto augmente donc beaucoup plus vite.
Toujours selon Chainalysis, 53% des transactions illicites de cryptomonnaies en 2020 étaient liées à des arnaques et des fonds volés. Ces problèmes se retrouvent aussi bien sur le marché des crypto que sur les marchés financiers traditionnels…
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Nouveau record de revenus pour les marchés du Dark Web
En outre, les marchés du Dark Web ont atteint un nouveau record de revenus en 2021. Au total, ces marketplaces de l’illégal ont engrangé 2,1 milliards de dollars en cryptomonnaie.
La valeur totale transférée aux marchés du Dark Web a augmenté rapidement, mais le nombre total de transferts vers ces marchés s’est effondré au fil des cinq dernières années. Il est passé de 11,7 millions en 2016 à seulement 3,7 millions en 2021.
Le nombre total d’utilisateurs a également chuté. La croissance est donc entièrement liée à des paiements plus importants, puisque le montant moyen est passé de 160 dollars à 493 dollars sur la même période.
Le 16 août 2022, Chainalysis a mis à jour son rapport de 2021 en ajoutant les nouvelles données. On constate tout d’abord que le montant de cryptomonnaies reçues par des entités illicites en 2022 est inférieur à la même période en 2019 et 2021.
Le volume de transaction est également inférieur à celui de 2021, mais semble mieux résister au Crypto Crash que les activités légales. Le volume de transactions illicites a diminué de 15% en un an, contre 36% pour les volumes de transactions légitimes.
La police parvient enfin à freiner le crypto-crime
La mise à jour du rapport révèle aussi quels usages illicites ont augmenté ou diminué en 2022. On observe notamment une augmentation des piratages et des vols de fonds et une diminution des escroqueries.
Par ailleurs, les revenus des marchés du Dark Web ont diminué. La principale cause est probablement la fermeture du Hydra Market : le plus large marché mondial du Dark Web. Cette plateforme basée en Russie a été saisie par les autorités allemandes en avril 2022. Des centaines de portefeuilles crypto ont aussi été ajoutés à une liste de sanctions par les États-Unis.
La chute des revenus suggère aussi que les autorités deviennent meilleures pour détecter les marchés du Dark Web. Toutefois, Chainalysis précise aussi que les vendeurs prennent davantage de mesure pour renforcer l’anonymat des expéditions.
Les acheteurs ont aussi commencé à effectuer les transactions directement auprès de ces vendeurs. Ces tendances suggèrent que l’industrie des marchés du Dark Web murit rapidement.
Même si les autorités s’améliorent pour identifier les marchés, ces plateformes s’améliorent aussi pour dissimuler leurs activités. Il est fort possible qu’un large volume de transactions illicites passe totalement sous le radar des analystes et des autorités.
Le Monero et les Privacy Coins masquent la réalité
Les « Privacy Coins » sont des cryptomonnaies centrées sur la confidentialité, au contraire du Bitcoin et de l’Ether ou d’autres devises. Les plus connus sont le Monero (XMR) et le Zcash (ZEC).
Ces Privacy Coins sont extrêmement difficiles à tracer, et même les entreprises de forensique de blockchain ne peuvent en analyser qu’une infime partie. Très peu d’informations identifiables sont disponibles. Le Monero est d’ailleurs presque impossible à tracer, à tel point que le FISC américain offre 625 000 dollars à quiconque parvient à déjouer sa sécurité.
On peut donc s’attendre à ce que les marchés Dark Web délaissent les cryptomonnaies transparentes telles que le Bitcoin pour se focaliser sur des devises plus discrètes comme le Monero.
Selon Chainalysis, le XMR est de plus en plus adopté sur ces marketplaces. Au total, 67% des marchés acceptaient le Monero en 2021 contre seulement 45% en 2020.
Toutefois, le Bitcoin reste pris en charge par 93% des marchés Dark Web. On peut en déduire que cette crypto continue à dominer, et que l’essor des Privacy Coins n’a causé qu’une petite partie de la chute du volume de transactions.
La principale cause reste la récente fermeture de nombreux marchés du Dark Web, comme Cannazon entièrement dédié à la vente de cannabis ou plus récemment le marché français Cocorico Market…
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