Une intelligence artificielle est parvenue à traduire les 800 pages du livre » Deep Learning » en seulement une dizaine d’heures, sans que la moindre faute de sens soit à déplorer. Une grande première qui annonce une révolution à venir pour le secteur de la traduction technique.
Le livre » Deep Learning « , écrit en 2016 par Yoshua Bengio, Ian Goodfellow et Aaron Courville, paraîtra en France ce 18 octobre 2018 aux éditions Massot-Quantmetry. Cet ouvrage, entièrement consacré au sujet du Deep Learning, est considéré comme une référence.
Pour sa traduction, l’éditeur souhaitait initialement faire appel à des traducteurs humains. Cependant, l’opération s’annonçait bien longue et surtout trop chère. Pour rentabiliser la traduction intégrale du livre, il aurait fallu en vendre au moins 100000 exemplaires. Un objectif qui semble impossible à atteindre pour un ouvrage traitant d’un sujet aussi technique.
C’est la raison pour laquelle Quantmetry a décidé de faire appel à la startup allemande DeepL, spécialisée dans la traduction grâce au Deep Learning. L’outil développé par cette startup, Linguee, est réputé pour être plus performant que les solutions grand public telles que Google Traduction ou Microsoft Translator.
En effet, son système a été nourri à l’aide de corpus parfaitement traduits par des humains tels que des textes de lois internationaux et des romans. Il est en mesure de comprendre le contexte des mots et des phrases, de » produire du sens » lorsqu’il se lance dans une traduction.
Deep Learning : le livre de 800 pages a été traduit en 10 heures
Toutefois, le livre » Deep Learning » est rédigé en format LateX, fréquemment utilisé pour l’édition de livres et d’articles scientifiques. Pour le traduire, il a donc fallu que DeepL crée un outil spécialement dédié à cette tâche avec l’aide de quatre chercheurs français : Fabien Navarro et Salima El Kolei de l’ENSAI, Benjamin Guedj de l’Inria, et Christophe Chesneau de l’Université de Caen.
Les chercheurs ont donc traduit un programme informatique similaire à Microsoft Word, mais contenant des commandes réalisant des mathématiques. Ce sont ces commandes qui ont été traduites dans la langue de Molière.
Au final, une fois l’outil développé, il n’a fallu qu’une dizaine d’heures à l’IA pour traduire cet ouvrage massif de 800 pages. À l’issue de ce délai, aucune faute de sens n’a été repérée. Les chercheurs n’ont eu qu’a ajouter à la marge quelques corrections mineures sur des formulations hasardeuses.
C’est une grande première dans l’histoire, et l’IA pourrait être à nouveau utilisée à l’avenir pour traduire des ouvrages très techniques qui ne sont actuellement pas traduits faute de rentabilité. Cependant, Quantmetry précise que les traducteurs littéraires n’ont pas à se sentir menacés. Pour cause, l’intelligence artificielle est encore très loin de pouvoir comprendre des notions comme la créativité, l’émotion ou le second degré.Elle n’est donc pas (encore) en mesure de traduire un roman.
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