L’intelligence artificielle pourrait bien vous faire passer vos futurs entretiens d’embauche. De plus en plus d’entreprises utilisent cette technologie pour accélérer les recrutements, et cette tendance semble vouée à se démocratiser. Cependant, beaucoup craignent un accroissement des discriminations voire une déshumanisation des entretiens…
En Corée du Sud, depuis mars 2018, le groupe Lotte, cinquième conglomérat le plus riche du pays, utilise l’intelligence artificielle pour automatiser le processus de recrutement. Une IA s’est chargée d’analyser des milliers de CV et de lettres de motivation pour sélectionner 800 candidats en vue d’un recrutement massif.
Dans les années à venir, cette innovation pourrait bien se démocratiser. En effet, selon l’étude LinkedIn Global Recruiting Trends 2018, 76% des recruteurs estiment que l’IA aura un impact important sur le recrutement. De même, selon une étude du cabinet de recrutement Robert Walters, 40% des recruteurs et des candidats considèrent que les algorithmes peuvent permettre de gagner du temps et d’économiser de l’argent.
Cependant, toujours selon Robert Walters, alors que 39% des recruteurs comptent utiliser l’IA pour recruter des candidats dans le futur, seuls 14% le font à l’heure actuelle. Pour l’instant, cette innovation est principalement utilisée dans le domaine de la technologie. En effet, les candidats de ce secteur d’activité sont moins surpris par l’usage de cette technologie et plus » réceptifs « .
Cependant, de par les avantages qu’elle apporte, on la retrouve aussi dans d’autres secteurs où ont lieu des recrutements de masse tels que le domaine de la vente. Par exemple, pour assurer ses recrutements en Russie, L’Oréal s’en est remis à une DRH virtuelle dénommée » Véra « et développée par la startup Stafori.
À elle seule, Véra est en mesure de présélectionner les candidats, d’appeler les profils retenus, et de leur faire passer un entretien par téléphone ou via Skype. Mieux qu’un recruteur humain, l’IA est en effet capable d’analyser les intonations, les expressions faciales, le débit ou encore le vocabulaire utilisés par les candidats. Pour toutes ces raisons, plus de 300 entreprises ont déjà adopté Véra parmi lesquelles de grandes marques comme Ikea et Pepsi.
L’intelligence artificielle risque de déshumaniser les entretiens d’embauche
On pourrait aussi y voir un moyen de rendre le traitement de CV plus objectif, et donc de mettre un terme au problème de la discrimination à l’embauche. Cependant, l’usage de l’IA pour le recrutement risque au contraire de provoquer un phénomène d’uniformisation.
C’est l’avis d’Antoine Morgaut, CEO de Robert Walters, qui rappelle que l’IA est programmée pour recruter des profils similaires aux recrues les plus performantes. De fait, si par exemple les hommes d’une entreprise sont plus performants que les femmes, l’intelligence artificielle aura tendance à discriminer les candidates.
De même, 62% des candidats interrogés par Robert Walters craignent que le recrutement par IA entraîne une déshumanisation ou un manque de personnalisation du recrutement. Ainsi, pour Antoine Morgaut, il est préférable que l’IA reste un outil complémentaire plutôt qu’un remplacement du RH.
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