À la suite d’informations selon lesquelles les talibans avaient pris possession d’appareils biométriques HIIDE laissés par l’armée américaine, les experts en politique et en technologie s’inquiètent.
Une importante menace pour la population locale
Les observateurs craignaient que les talibans puissent utiliser ces appareils HIIDE pour accéder aux bases de données biométriques américaines. Les derniers rapports minimisent la menace à ce niveau. Néanmoins, ils avertissent que les propres bases de données biométriques d’Afghanistan pourraient en fin de compte constituer une menace plus importante pour la population locale. Les appareils HIIDE ont été utilisés pour capturer des données biométriques et les transmettre à une base de données du ministère de la Défense. Mais les appareils eux-mêmes ne contenaient que des informations limitées.
Cependant, les États-Unis avaient aidé l’Afghanistan à mettre en place sa propre infrastructure biométrique. Et ces bases de données pourraient être beaucoup moins sécurisées que leurs homologues américaines. Plus particulièrement, le système afghan du personnel et de la rémunération (APPS) contient environ un demi-million de dossiers de personnes qui ont travaillé pour l’armée nationale et la police nationale. Et chacune des personnes figurant dans cette base pourrait faire l’objet de représailles (et même d’exécution) pour leur implication avec le gouvernement officiel.
Une base de données détaillée
Les ministères afghans de l’Intérieur et de la Défense ont mis en place la base de données APPS en 2016 pour réduire la fraude salariale. Les fichiers contiennent une vaste mine d’informations personnelles. Certaines de ces informations restent conventionnelles (nom, prénom, date de naissance, …). D’autres, comme le fruit préféré d’une personne donnée, semblent être assez absurdes. Les adresses postales, les numéros d’identification et les enregistrements biométriques sont aussi renseignés. Toutes ces informations peuvent être utilisées pour identifier une personne, rendant la base de données particulièrement dangereuse.
Pire encore, APPS contient également des détails supplémentaires sur les affiliations des membres du service (pères, oncles, les grands-pères, …). Cela signifie que l’impact pourrait s’étendre vers l’extérieur si les talibans utilisent APPS pour agir à travers les réseaux personnels d’opposants politiques potentiels. Toutes les informations de la base de données APPS étaient stockées de manière permanente et n’étaient pas supprimées même si la personne avait quitté le service.
D’autres bases de données disponibles
Le système APPS n’est peut-être pas la seule (ni même la plus grande) base de données biométrique en Afghanistan. Le gouvernement avait essayé de mettre en place un système national d’identification biométrique (souvent à la demande et avec le soutien financier d’autres pays). L’État avait commencé à utiliser l’identification biométrique pour faciliter divers services gouvernementaux. Cette base de données du système d’identification biométrique automatique afghan (AABIS) peut contenir jusqu’à 8,1 millions d’enregistrements. Et jusqu’à 6,2 millions de personnes ont essayé de s’inscrire pour obtenir une carte d’identité nationale.
L’Afghanistan a également tenté d’organiser des élections biométriques, bien que le gouvernement ait eu du mal à mettre en œuvre ce système particulier. Quoi qu’il en soit, le vrai problème reste le fait que les talibans puissent utiliser des scanners biométriques pour identifier les individus capturés figurant dans l’une de ces bases de données. Cela leur donnerait un avantage supplémentaire et renforcerait leur pouvoir.
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