Une intelligence artificielle développée par les chercheurs de l’University of British Columbia (UBC) est capable d’identifier les molécules pouvant être utilisées pour créer des drogues de synthèse. Grâce à cette IA, les autorités du monde entier vont profiter d’une longueur d’avance sur les chimistes clandestins et les dealers.
Les drogues de synthèse sont un fléau pour la société, et un véritable casse-tête pour les autorités. Partout dans le monde, les chimistes clandestins synthétisent et distribuent de nouvelles molécules offrant les mêmes effets psychoactifs que les drogues classiques comme la cocaïne ou l’héroïne. On peut citer l’exemple des opiacés synthétiques ou des fameux » sels de bain « .
Ces drogues modernes passent entre les mailles du filet de la loi, ne sont pas détectées par les tests, et peuvent pourtant se révéler extrêmement dangereuses. C’est la raison pour laquelle les autorités cherchent à les identifier le plus rapidement possible pour les interdire.
Malheureusement, il faut généralement plusieurs mois pour identifier ces molécules dans les saisies de pilules ou de poudres. Pendant ce laps de temps, des milliers de personnes consomment ces » designer drugs » et les dealers en développent déjà de nouvelles.
L’intelligence artificielle DarkNPS développée par les chercheurs de l’University of British Columbia (UBC) au Canada pourrait être la solution à ce problème. Pour cause, cette IA a été entraînée à prédire les prochaines drogues de synthèse avant même qu’elles arrivent sur le marché. Une technologie qui pourrait sauver bien des vies.
Au lieu de prendre plusieurs mois, l’identification des molécules pourrait être réalisée en quelques jours seulement. Il serait donc possible de les interdire immédiatement.
Un réseau de neurones entraîné sur les drogues de synthèse existantes
Afin d’entraîner cette IA, les chercheurs ont utilisé une base de données des substances psychoactives connues. Cette liste d’environ 1700 drogues de synthèse connues a été établie avec la contribution de laboratoires forensiques du monde entier.
Le réseau de neurones a été entraîné sur les structures de ces drogues. Il a ensuite été capable de générer 8,9 millions de drogues de synthèse potentielles.
Les molécules ont ensuite été testées et comparées avec 196 nouvelles drogues de synthèse apparues sur le marché de l’illicite après l’entraînement du modèle. Les chercheurs ont découvert que plus de 90% avaient été anticipées par l’IA.
En d’autres termes, cet algorithme a été capable de prédire presque toutes les drogues de synthèse découvertes depuis sa création. Les autorités disposent donc d’une longueur d’avance sur les chimistes clandestins et les dealers.
Un atout inestimable pour la police du monde entier
Par ailleurs, les chercheurs se sont aperçus que le modèle a découvert quelles molécules ont plus de chances d’apparaître sur le marché. Ils se sont alors demandé si cette probabilité pouvait être utilisée pour déterminer la nature d’une drogue inconnue en se basant seulement sur cette masse.
Il s’agit d’une donnée très facile à mesurer pour un chimiste sur n’importe quelle pilule ou poudre, en utilisant la spectrométrie de masse. Les chercheurs ont donc testé l’hypothèse sur chacune des 196 drogues de synthèse identifiées par l’IA.
En se basant uniquement sur la masse, les chercheurs ont découvert que leur modèle a classifié correctement la structure chimique d’une drogue de synthèse non identifiée parmi le top 10 des candidats dans 72% des cas.
Il s’agit d’une prouesse, et les chercheurs avouent avoir été choqués par ces performances. En réduisant une liste de plusieurs milliards de structures à un ensemble de seulement dix candidats, l’IA pourrait accélérer massivement le rythme auquel les drogues de synthèse pourront être identifiées par les chimistes.
En outre, le même type de modèle pourrait être utilisé pour découvrir de nouvelles molécules en tout genre. Cette technologie pourrait être appliquée aux substances dopantes utilisées par les sportifs, ou à l’identification de molécules inconnues dans le sang et l’urine humaine.
Cette intelligence artificielle représente donc une avancée majeure pour le monde de la chimie. Distribué par le Novel Psychoactive Substance Data Hub, le modèle est déjà utilisé par US Drug Enforcement Agency, le United Nations Office of Drugs and Crime, le European Monitoring Centre of Drugs and Drug Addiction, et le Federal Criminal Police Office of Germany.
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