Pour plusieurs professionnels, les technologies connectées implantées dans les structures médicales constituent une avancée et une source d’innovation incontestables. Parmi eux, le directeur fondateur de l’institut Icahn Eric Shadt qui confie à McKinsey son point de vue sur le potentiel de ces nouvelles techniques.
L’adage populaire « mieux vaut prévenir que guérir » n’a jamais été aussi pertinent. Au sein de la structure hospitalière du Mont Sinaï à New York, dans l’Institut Icahn, c’est l’avis du directeur Eric Shadt, qui ne doute pas que le futur de la médecine passe obligatoirement par le Big Data : le secteur offrira à nos systèmes de santé une capacité accrue à prévenir les risques et à améliorer les traitements destinés aux patients.
Selon ses propos recueillis par le chroniqueur de McKinsey Sastry Chilukuri, l’une des limites principales avec la médecine et l’industrie pharmaceutique d’aujourd’hui se constitue autour de la compréhension de la biologie de la maladie. En ce sens, le Big Data peut jouer un rôle déterminant dans la récolte et la classification de données pertinentes à la formation d’un dossier profil d’une maladie en référençant par exemple son ADN, ses protéines structurelles, ou encore son comportement et ses évolutions. La réalisation de ces dossiers types via la technologie du Big Data permettrait, sur le long terme, de former un modèle constamment actualisé. Ce même modèle servirait alors de base de référence dynamique pour une recherche et un traitement toujours plus efficace des maladies.
À l’image des grandes entreprises du secteur du cloud et du Big Data, Google, Facebook et Amazon en tête, qui usent de ces procédés pour orienter leur stratégies marketing, les mêmes méthodes peuvent aisément être mise à contribution afin de réaliser une infrastructure informatique conséquente capable de gérer les données du secteur médical.
Comment les wearables sont prêts à transformer la médecine
Le constat est clair : Les wearables et les promesses offertes par les applications mobiles qui s’affichent comme des auxiliaires de santé représentent le futur de la médecine selon Schadt.
Je peux être confiant en disant cela, parce que aujourd’hui dans le secteur de la médecine, un individu normal qui est généralement en bonne santé passe en moyenne dix minutes avec un docteur chaque année. Le bilan que peut diagnostiquer un professionnel à cette échelle à propos de votre santé, à moins de constater l’éclosion d’une maladie au développement fulgurant, est quasiment nul. – Eric Schadt, directeur de l’Institut Icahn.
Le wearable permet une surveillance accrue de vos constantes et par conséquent une meilleure prévention. C’est l’avantage qui prévaut selon Schadt. Cette révolution du wearable tend à se diriger vers le développement de ce potentiel médical : si ces objets étaient à l’origine destinés à un usage personnel assimilé à la performance sportive ou au loisir, les innovations apportés désormais à ces produits les orientent vers des capacités plus concrètes d’analyses, comme le démontre ces lentilles connectées qui demeurent ici l’un des exemples les plus probants.
Bientôt, vous verrez que les capacités allouées à ces types de capteurs, en parallèle de leurs développements, seront à même de fournir des profils [médicaux] toujours plus précis à leurs usagers. J’estime que, d’ici cinq à dix ans, les informations les plus précises sur votre santé seront davantage présentent à l’extérieur de votre système de santé (comprendre ici dans le cloud) qu’à l’intérieur de celui-ci. – Eric Schadt, directeur de l’Institut Icahn.
Autre argument mis en avant, celui de la réduction de rendez-vous superflus où la consultation du médecin n’est a priori pas indispensable, permettant à coup sûr de désengorger les services hospitaliers qui prodigueront une meilleure qualité de service. Et par extension, une réduction de coûts non négligeable pour les services de santé.
Le Big Data, propice à l’embauche
Ce n’est plus une surprise : le domaine du cloud et du Big data seront des secteurs porteurs pour l’emploi. Schadt se réjouit d’ailleurs d’avoir accueilli près de trois cents collaborateurs supplémentaires pour gérer et analyser les nouvelles données recueillies par l’Institut Icahn, et prévoit dès lors une transformation de la profession médicale, qui tend à devenir hybride avec les métiers de l’informatique.
Je pense que c’est une transformation fondamentale du métier qui tranche avec la médecine académique, et qui vise, même au niveau des bases des sciences de la vie, une orientation basée sur le quantitatif et l’informatique. – Eric Schadt, directeur de l’Institut Icahn.
Il émet cependant une appréhension vis à vis de ce rapprochement inter-professionnel. Toujours selon le docteur Schadt, il ne s’opérera pas totalement à condition d’établir rapidement des politiques de pédagogie et de formation à l’utilisation et à la gestion des données dans le secteur médical :
L’un des plus gros problèmes autour du Big Data, et des modèles de prévisions construis autour des données, provient de l’engagement des autres afin qu’ils bénéficient de ces informations. Au delà des outils dont nous avons besoin pour engager les non-initiés à fournir ce type d’information, il est nécessaire d’opérer une stratégie de pédagogie et de formation. Ils ont grandi dans un système qui est véritablement en opposition avec cette révolution de l’information. Nous avons donc commencé à nous pencher sur l’apprentissage de la prochaine génération de médecins et sur la question qui porte sur comment opérer la transition dans le cursus des écoles de médecine. – Eric Schadt, directeur de l’Institut Icahn.
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