Ce soir aux États-Unis, un grand rendez-vous de la campagne est attendu par près de 100 millions d’Américains : le débat télévisuel entre Hillary Clinton et Donald Trump. Entre phrases chocs et état de santé présumé, le Big Data a lui aussi un rôle à jouer.
Les deux candidats à l’élection présidentielle américaine s’affrontent par campagne interposée et à six semaines du vote, il est temps de voir les deux candidats débattre de vive voix.
Les arguments et les programmes des deux candidats et le show télévisé de ce soir ne sont pas les seuls éléments d’influence du vote des Américains. Le Big Data a un grand rôle dans cette campagne politique.
Que ce soit les médias ou la Maison Blanche, les instances du pays veulent pouvoir déterminer une tendance dans l’avenir des États-Unis d’ici les quatre prochaines années. Comme en France, les sondages et les études pullulent dans la presse.
Seulement, la tendance des votes entre les deux candidats n’a cessé de changer. Une semaine un sondage donnait Hillary Clinton gagnante, la suivante son rival Donald Trump. La faute en partie aux techniques d’enquête qui ne sont plus efficaces. Ils ne permettent pas de rassembler suffisamment d’informations pour être pertinent.
Le site de presse Eweek fait part du témoignage de Mike Murphy, consultant politique pour le parti Républicain : « Nous n’avons plus confiance dans le pur appel téléphonique parce que nous pouvons collecter beaucoup plus d’informations par le Big Data ». Il évoque également le fait qu’une partie de la population, notamment la génération Y, « the millenials », ne répond plus au téléphone. « Nous avons maintenant 400 points de données sur le votant moyen. Nous avons des modèles informatiques valables grâce à Oracle et d’autres. » Ajoute-t-il à l’adresse du média.
Une approche personnalisée de la campagne
Ce phénomène n’est pas nouveau. Depuis 2004, les deux partis majoritaires sont rentrés dans la dance afin de déterminer les chances de leurs candidats. John Kerry, candidat à l’élection de 2004 face à Georges W. Bush, a été le premier à bénéficier des efforts des data scientists. En 2008, Barack Obama à concrétisé l’essai
Le but, analyser les volontés des citoyens et déterminer leurs opinions sur les points importants de la politique du pays. L’emploi, la gestion du système de soin, l’immigration, les bavures de la police face aux minorités, etc.
Les sujets polémiques ne font cependant pas tout. Les conseillers spécialistes dans la donnée se servent des informations recueillies pour faire du micro targeting, du ciblage très précis afin de gagner de précieux votes et ainsi obtenir une analyse prédictive des résultats de l’élection.
Des méthodes issues du e-commerce
Cette technique marketing issue du e-commerce permet de mettre en valeur le candidat sur le Web. Cela fonctionne comme le système de recommandation d’Amazon. Pour réaliser ce genre de campagne personnalisée, rien de plus simple. Les données d’enregistrement des votants sont publiques depuis 2002. Ensuite, il suffit de réaliser un questionnaire pour repérer les intentions de vote et de lui envoyer un mail leur correspondant.
De même les tendances repérées servent à optimiser les campagnes publicitaires et à envoyer le bon message d’adhésion à la bonne communauté.
Finalement, les candidats sont de véritables objets et il suffit de se balader dans les magasins pour le comprendre rapidement. Les panneaux publicitaires à l’effigie de l’homme et de la femme qui s’affrontent en ce moment sont partout.
Les joies de l’Open Data
Les arguments de campagne d’Hillary Clinton et Donald Trump reposent eux-mêmes en partie sur le Big Data. En effet, les candidats ont le droit de regard, comme tous les citoyens américains, aux 105 jeux de données mis en libre accès par le gouvernement. L’Open Data Act profite ainsi aux dirigeants en place, ceux à venir et aux journalistes.
En effet, le traitement médiatique par la donnée est bien plus répandu outre-Atlantique qu’en Europe. L’explication de l’actualité par des chiffres est une spécialité.
Par exemple, beaucoup de sites d’informations comme le Washington Post ou The Week se sont concentrés dernièrement sur le vote des jeunes nés au début des années 1990, qui ont un rôle important à jouer dans la campagne. Ce sont les relevés des référencements qui ont été analysés par le cabinet d’étude Pew Research afin de déterminer le nombre de votants dans la génération Y.
Un véritable business pour les analystes
Ce changement de modèle de séduction politique a donc de véritables conséquences, aussi bien idéologique (le clientélisme) qu’économique. En effet, les cabinets de consulting profitent de ce système et offrent leur service d’analyse Big Data en formant des modèles prédictifs adaptés.
Tout comme les géants de l’industrie, les candidats bénéficient des prédictions des cabinets. Mike Murphy a lui-même avoué avoir fondé sa propre startup en 2012 dans la Silicon Valley afin d’aider ses clients en mettant au travail une dizaine de développeurs. Et au Royaume-Uni, cela devient le sujet d’un pari comme le fait le site Betfair.
Comme souvent aux États-Unis, les applications d’une science de l’information se transforment en véritable machine économique.
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