La CIA veut ressusciter les mammouths. À travers son bras d’investissement Ion-Q-Tel, elle vient d’investir dans la startup Colossal dont le but est de ramener cette espèce grâce aux ciseaux génétiques CRISPR…
Depuis sa création en 1947, la CIA s’est toujours intéressée aux technologies liées aux armes et à la surveillance. Toutefois, depuis peu, l’agence se penche de près sur le séquençage DNA selon un rapport publié par The Intercept.
Par le biais de son bras d’investissement, le service de renseignement américain vient de miser sur une technologie visant à ressusciter les mammouths : Colossal Biosciences. Cette startup de biotechnologie est basée à Dallas.
La firme est fondée par George Church et Ben Lamm. Outre la CIA, on compte notamment Peter Thiel, Tony Robbins, Paris Hilton et Wiklevoss Capital parmi les investisseurs.
Le projet de Colossal vise à utiliser la technologie de séquençage génétique CRISPR pour ramener à la vie deux créatures éteintes : le mammouth géant de l’âge de glace, et le tigre de Tasmanie. Ce dernier est un marsupial de taille moyenne, dont l’espèce s’est éteinte il y a un peu moins d’un siècle.
In-Q-Tel : le bras d’investissement de la CIA
Le nouvel investisseur In-Q-Tel est enregistré comme un fonds d’investissement non lucratif fondé par la CIA. Ce groupe finance des startups technologiques ayant le potentiel de protéger la sécurité nationale des États-Unis.
Sur son blog, In-Q-Tel a publié un billet pour expliquer cet investissement le 22 septembre 2022 : « pourquoi cet intérêt pour une entreprise comme Colossal, fondée avec la mission de « dé-éteindre le mammouth laineux » et d’autres espèces ? Stratégiquement, c’est moins à propos des mammouths et plutôt à propos de la capacité ».
En effet, l’organisme estime que « la prochaine vague de progrès dans la synbio mènera à des avancées dans notre capacité à façonner à la fois la forme et la fonction des organismes au niveau macroscopique. De relever les défis devant être surmontés dans l’ingénierie d’animaux et de plantes ».
De son côté, Ben Lamm, le co-fondateur de Colossal Biosciences, affirme que « la biotechnologie et plus généralement la bioéconomie sont essentielles pour que l’humanité se développe davantage. Il est important pour toutes les facettes de notre gouvernement de les développer et de comprendre ce qui est possible ».
Un porte-parole précise que « même si Thiel a fourni à Church 100 000 $ de financement pour lancer le projet de mammouth laineux qui est devenu Colossal, il n’est pas partie prenante comme Robbins, Hilton, Winklevoss Capital et In-Q-Tel ».
CRISPR : tout savoir sur les ciseaux génétiques
Pour mener à bien son projet, Colossal utilise l’édition de gène CRISPR : une technique d’ingénierie génétique basée sur un type spécifique de séquence ADN survenant naturellement.
Cette méthode a été créée pour permettre aux utilisateurs de supprimer des gènes indésirables, et de programmer un code génétique plus adapté.
Comme l’explique Robert Klitzman, bioéthiciste à la Columbia University, « CRISPR est l’usage de ciseaux génétiques. Vous plongez dans l’ADN, une chaîne de 3 milliards de molécules, et en retirez une partie pour la remplacer. Vous pouvez retirer les mauvaises mutations et placer de bons gènes, mais ces ciseaux d’édition peuvent aussi en retirer trop ».
L’expert appelle à la prudence en matière d’ingénierie génétique. Auparavant, cette technologie a été utilisée pour combattre les maladies génétiques, améliorer des fruits et légumes, mais aussi pour créer des « bébés parfaits » en Chine…
Toutefois, la CIA estime que les bénéfices potentiels sont largement supérieurs aux risques de dérive. Selon le billet de blog publié par In-Q-Tel, embrasser cette technologie permettra aux agences gouvernementales américaines de lire, écrire et éditer le matériel génétique.
Plus important encore : elle peut conférer aux États-Unis la capacité de mener le phénomène biologique mondial impactant la compétition entre les nations, tout en leur permettront de mettre en place des standards éthiques et technologiques pour son usage.
Le 12 septembre 2022, le président des États-Unis, Joe Biden, a signé un décret exécutif sur la biotechnologie et la biomanufacture. Le gouvernement souhaite prioriser les avancées liées à ces technologies.
Le décret encourage la coopération entre secteur public et privé, et inclut des instructions visant à renforcer la gestion des risques biologiques. Le but est d’aussi d’accroître la disponibilité des produits basés sur la bio-énergie, et d’engager la communauté internationale pour améliorer la coopération R&D tout en respectant les principes et valeurs des États-Unis.
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