Bien que le terme soit barbare, la « Datification » est une tendance majeure dans notre vie quotidienne. Et elle est possible grâce à des écosystèmes d’objets connectés capables de produire et de transmettre des données automatiquement.
La Datification consiste à transformer une activité auparavant « invisible » en un ensemble de données qui peut ensuite être suivie, analysée, et comparée.
C’est en quelque sorte similaire à la notion de « Dark data » – ces données accumulées et négligées, dont personne ne sait quoi faire, mais que l’on ne détruit pas car elles pourraient se révéler utiles dans le futur.
Et justement, les progrès technologiques dans les objets connectés et le traitement des données permet aujourd’hui de faire rentrer un bon nombre de « Dark Activities » dans la lumière.
Les objets connectés
L’un des exemples les plus parlants est celui de la « Datification » des séances d’exercice physique. Lors d’un jogging par exemple, un objet connecté (smartphone, montre connectée, puce) enregistre la durée, le nombre de pas, le parcours, le dénivelé, les calories brûlées. Il devient alors facile de suivre son activité et sa progression.
Et ce n’est pas tout : l’application s’appuie également sur ces data, qu’elle croise avec des données de réseaux sociaux, pour mettre en place des leviers de gamification (badges, ranking social), pour me fidéliser et renforcer mon engagement.
De la même façon, une grande partie de nos vies quotidiennes sont automatiquement enregistrées : notre activité sociale sur Facebook, notre activité professionnelle sur LinkedIn, notre position avec Foursquare, nos avis, opinions et idées sur Twitter, nos goûts musicaux sur Spotify…et la polyvalence des smartphones, l’objet connecté par excellence, y est pour beaucoup dans cette datification
Et même la lecture est datifiée : lorsque je lis sur un Kindle, il me regarde et enregistre mon activité pour me fournir des services utiles. Par exemple, il sait sur quelle page je suis, pour que je puisse reprendre ma lecture facilement sur un autre appareil. Il mesure ma vitesse de lecture pour savoir quand je vais terminer mon livre et pouvoir me faire des recommandations et offres au moment opportun. Et, en s’inspirant de l’intelligence collective, il me permet de choisir des passages que les autres lecteurs ont marqués comme les plus intéressants. Et ils pourraient aussi utiliser ces enseignements pour aider les auteurs en leur montrant les passages que les lecteurs trouvent difficile à lire, ou à quel endroit du livre ils ont tendance à abandonner.
La Datification dans le monde de l’entreprise
La plupart des véhicules commerciaux utilisent des systèmes GPS pour suivre et optimiser les itinéraires. Certaines entreprises ont intégré des senseurs connectés dans ses pneus, qui envoient en permanence des informations sur la pression, la température et le niveau d’usure des pneus, pour aider à allonger leur durée de vie et éviter la maintenance préventive.
Et justement, les possibilités pour l’avenir sont immenses. Par exemple, la datification de notre santé est d’une utilité évidente. Bientôt, nous serons tous équipés de sensors qui contrôleront notre température, tension, pouls etc…et les docteurs seront en mesure non pas de nous guérir, mais de nous empêcher de tomber malade.
Le domaine de l’éducation commence déjà à être datifié, avec des services tels que la Khan Academy, qui s’appuie sur un renversement du modèle éducatif traditionnel : l’enfant regarde le cours en vidéo chez lui et fait les exercices en cours avec le professeur, qui apporte un soutien personnalisé selon les difficultés de chaque enfant.
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Bonjour
Je connais le concept de datafication, mais découvre celui de datification.
Quelle différence faites vous ? Merci
« La mise en données (« datafication ») est un processus de quantification, qui vise à « exprimer et faire exister sous une forme numérique ce qui, auparavant, était exprimé par des mots et non par des nombres » (néologisme forgé par Mayer-Schönberger et Cukier).
Extrait de Quand la donnée arrive en ville. Open data et gouvernance urbaine – Antoine