Le 11 mai 2020. Cela faisait près de 4 ans que les investisseurs dans le Bitcoin attendaient ce moment. Cette date, c’est le déclenchement automatique d’un évènement important pour la devise et sa blockchain : le halving day. Cet événement engendre, entre autres, une baisse du nombre de bitcoins en circulation.
La cryptomonnaie, comme n’importe quel actif soumis à la loi de l’offre et de la demande, devient plus rare (division par 2 du taux de création de nouveaux bitcoins). Ce qui est rare devient cher. Les investisseurs, désireux de voir la valeur de leur actif augmenter et envoutés par la hausse du cours, veulent profiter de cet événement pour renforcer leur position sur cet “or numérique.”
Cette conviction, concernant la “force” de cette unité monétaire comme actif financier, est compréhensible.
À l’heure où les nations engagent une course contre la montre pour vacciner le plus grand nombre de personnes et multiplient les mesures, depuis près d’un an, pour limiter l’impact sanitaire et économique de la pandémie du COVID-19, le Bitcoin, lui, s’envole.
L’année 2020 a été fructueuse pour la cryptomonnaie.
Avec une hausse de 200 %, le rendement est bien loin des 0,5 % de celui du livret A.
En ce début d’année, la dynamique demeure : +66 % sur janvier et février.
Actuellement, le cours du bitcoin varie entre 55 000 et 60 000 $.
Bref, vous l’avez compris ! La valeur de la cryptomonnaie évolue fortement. À la hausse, tout va bien… Pour l’instant.
Mais ce Bull Run va-t-il se poursuivre ? La bulle spéculative actuelle ne risque-t-elle pas d’éclater entraînant une violente chute du Bitcoin ?
Découvrez, dans cet article, les coulisses de cette augmentation et pourquoi vous devez bien évaluer les risques associés à ce type d’investissement.
Mais un Bull Run du Bitcoin, qu’est-ce que c’est exactement ?
Des taureaux – une course – une cryptomonnaie.
Difficile d’établir un lien entre ces 3 mots. Pas de panique ! On va tout vous expliquer.
C’est une image. Un taureau quand il charge et s’attaque à un matador, il tente de l’encorner avec des mouvements de tête de bas en haut.
L’évolution du cours du Bitcoin suit un mouvement similaire. Une progression marquée par des hausses fulgurantes comme observées sur les périodes suivantes :
- +1 800 % sur l’année 2017 ;
- un prix multiplié par 2 sur les 6 premiers mois de l’année 2019.
Bref, un Bull Run correspond tout simplement à l’augmentation d’un cours sur un cycle long. Pour le Bitcoin, cette progression se réalise par à-coups.
Comme nous l’avons vu, l’année 2020 a été marquée par ce “type de croissance.”
Depuis sa création, on associe les fluctuations de la cryptomonnaie à un effet de mode tant il est difficile d’identifier une corrélation entre son cours, qui échappe au contrôle des États, et sa valeur intrinsèque.
Cette hausse est le résultat du halving day, mais pas que …
Les banques centrales, les investisseurs institutionnels et de grandes entreprises ont participé et participent encore activement à l’essor du Bitcoin, à ce Bull Run.
Les halvings du Bitcoin en quelques mots
L’un des principaux intérêts du Bitcoin et de la blockchain est sa transparence.
Tous les acteurs de ce marché ont connaissance de toutes les transactions effectuées avec cette devise.
Le “minage” assure cette transparence. Des ordinateurs, les mineurs, sont chargés de vérifier l’authenticité de chaque transaction. Cette vérification passe par la résolution d’un casse-tête de plus en plus complexe.
Bien qu’automatique, cette opération est rémunérée. C’est pour cela que l’on assiste à une véritable compétition entre les ordinateurs pour “remporter la mise”. Le vainqueur est rémunéré en bitcoins bien entendu.
Cette rémunération est divisée par 2 à chaque halving.
Au tout début de la cryptomonnaie, les mineurs étaient rémunérés 50 bitcoins. En 2016, ils touchaient 12,5 bitcoins.
Un soutien des banques centrales… Au Bitcoin
Réserve Fédérale Américaine (FED), Banque Centrale Européenne (BCE), … La pandémie actuelle a obligé les différentes banques centrales à intervenir pour soutenir économiquement les états et créer les conditions favorables à une relance le plus rapidement possible.
Cette intervention consiste en une injection massive de liquidités.
Quel est le principe ?
Les banques centrales sont des banques de premier rang (contrairement aux banques commerciales qui sont de second rang) seules habilitées à créer de la monnaie fiduciaire et à en contrôler la quantité en circulation dans l’économie.
Pour limiter l’impact de la pandémie, elles ont tout simplement créé de la monnaie et proposé leur aide sous forme de prêts aux différents agents économiques (états, trésors publics, banques, …).
Ces prêts sont indirects. Les banques centrales vont prêter ces liquidités en rachetant des titres (obligations corporate, obligations souveraines, actions) détenus par ces investisseurs sur le marché secondaire (l’achat et la vente de titres financiers “d’occasion”).
Riches de ces nouvelles liquidités, les agents économiques soutiennent alors leur économie nationale en rachetant de la dette publique ou des titres d’entreprises (actions, obligations corporate).
Ces interventions jouent un rôle fondamental dans la hausse de certains actifs et tout particulièrement le Bitcoin.
La baisse des taux d’intérêts obligataires profite aux actifs risqués
Les sommes injectées par les banques centrales pèsent sur les marchés primaire (titres nouvellement créés que l’on peut acheter uniquement par l’intermédiaire d’une banque) et secondaire.
Prenons l’exemple de la situation européenne.
Souvenez-vous ?
En mars 2020, la BCE a proposé un programme de soutien des entreprises de 750 milliards d’euros.
Avec une telle somme, la BCE devient un acheteur majeur.
2 conséquences :
- la demande de titres obligataires croît violemment ;
- le nombre de titres disponibles à l’achat chute très fortement.
Résultat : le cours des titres obligataires augmente, leur rendement diminue.
Les agents économiques, qui ne peuvent plus acheter de titres sur le marché secondaire, décident de racheter de la dette souveraine sur le marché primaire.
Mécaniquement, la demande pour des obligations d’États augmente et s’accompagne d’une baisse des taux d’intérêts obligataires.
La baisse des rendements des titres obligataires incite les investisseurs à acheter des actifs plus rémunérateurs (actions, cryptomonnaies, …) pour faire fructifier leur liquidité.
Finalement, les cours de ces actifs plus risqués augmentent significativement.
C’est ce que nous observons, depuis près d’un an, sur le Bitcoin.
La peur de l’inflation bénéficie également au Bitcoin
L’intervention des banques centrales a eu un deuxième effet sur le cours du Bitcoin.
Avec leur politique monétaire accommodante, les banques centrales souhaitent une augmentation mesurée de l’inflation.
Cette inflation est perçue comme un risque de perte de pouvoir d’achat par les investisseurs.
Le crypto-actif apparaît alors comme une “valeur refuge”, une option intéressante pour préserver la valeur de leur capital.
La progression de la demande de bitcoins s’accompagne logiquement d’une hausse du cours de la cryptomonnaie.
Des agents économiques favorisent ce Bull Run
Et oui
Des investisseurs institutionnels (JP Morgan, BlackRock …), de grandes entreprises (Tesla, PayPal, …) et des personnalités médiatiques (Nabilla, …) s’intéressent de plus en plus aux cryptomonnaies et en assurent “la promotion”.
Ces intérêts, très médiatisés, ne manquent pas de capter l’attention des particuliers. À la méfiance des débuts prend place un engouement de plus en plus populaire.
Les monnaies virtuelles, c’est le placement à la mode.
Par exemple :
Le 21 octobre dernier, l’intermédiaire financier Paypal annonce le lancement d’un service dédié aux cryptomonnaies en 2021. Les utilisateurs de comptes pourront payer avec des bitcoins, mais aussi en acheter et en vendre.
Accéder à la cryptomonnaie se simplifie et se démocratise. Cette annonce a notamment participé au Bull Run en fin d’année 2020.
Les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel : prenez garde à la chute du Bitcoin
Le halving day du 11 mai 2020, l’intervention des banques centrales, la participation d’acteurs institutionnels ont joué un rôle non-négligeable dans la hausse récente du prix de la monnaie virtuelle.
Il existe un engouement, une véritable “hype” autour du Bitcoin. C’est certain.
Beaucoup y voient une valeur refuge, LA possibilité de faire fructifier leur argent rapidement.
Mais attention…
Comment être sûr d’une hausse du cours à court et moyen terme ? Que se passera-t-il dès lors que les banques centrales changeront de politiques ou si des investisseurs institutionnels se détournent subitement de la cryptomonnaie ?
Le Bitcoin demeure un actif extrêmement volatil et risqué. Son histoire, pas si lointaine, le prouve…
Sur l’année 2017, son cours est passé de 998 $ à 19 114 $ (cours au 18 décembre 2017).
Mi-janvier 2018, en l’espace d’un mois, on assiste à une véritable chute du Bitcoin pour atteindre 11 490 $.
Cette chute du Bitcoin s’est poursuivie, sur toute l’année 2018, avec une valeur approchant les 4 000 $ en fin d’année.
Imaginez la perte de capital des investisseurs qui ont acheté la cryptomonnaie en décembre 2017 ! Ceux qui souhaitent spéculer avec cet actif financier devrait avoir les bases du trading, et pour certains une formation trading doit être un prérequis.
Dans quel état d’esprit se sont-ils retrouvés ?
Les performances passées ne préjugent en rien des performances futures.
Et puis, comme pour les actions, l’achat en période de hausse des cours est rarement propice pour réaliser des plus-values intéressantes.
Comme dit Warren Buffet : “Soyez craintif quand les autres sont avides. Soyez avide quand les autres sont craintifs.”
L’Autorité des Marchés Financiers (AMF) met en garde les investisseurs particuliers et les informe des risques importants de volatilité.
Restez vigilant !!
Cette monnaie échappe au contrôle des banques centrales, à toutes régulations financières et bancaires classiques, institutionnelles.
Contrairement à une action ou une obligation, la cryptomonnaie n’a pas de valeur intrinsèque. Son cours ne repose sur rien de tangible.
Nombre d’économistes voient dans cette évolution une bulle spéculative.
Si cette bulle éclate, il est peu probable que vous puissiez vous retourner et demander de l’aide à un acteur financier traditionnel pour faire face à une chute du Bitcoin.
Désormais, une seule question subsiste : êtes-vous prêt à supporter ce risque ?
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