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La RATP transforme Châtelet en laboratoire de test pour la reconnaissance faciale

La RATP compte transformer la station de métro parisienne Châtelet-Les Halles en  » laboratoire d’intelligence artificielle  » afin de tester les technologies d’IA et notamment la reconnaissance faciale à des fins de sécurité. La Quadrature du Net s’indigne et dénonce la  » surveillance algorithmique « …

La vidéosurveillance est actuellement l’un des principaux cas d’usage de l’intelligence artificielle dans le monde, en raison notamment du potentiel de la reconnaissance faciale pour assurer la sécurité dans les lieux les plus fréquentés. Même si l’Union européenne souhaite ouvrir un  » vaste débat «  sur l’usage de cette technologie, cela n’empêche pas les industriels et les autorités publiques de la tester et de l’expérimenter en conditions réelles.

En France, si un lieu semble approprié à l’expérimentation de la reconnaissance faciale, c’est bien la station de métro parisienne de Châtelet-Les Halles. Sur l’ensemble de son réseau, la RATP dispose d’un dispositif de vidéoprotection composé de près de 51 000 caméras dont 36 000 embarquées et 15 000 fixes dans les espaces.

Depuis 2016, la RATP expérimente ainsi un dispositif de détection automatique d’événements à partir des caméras déployés dans ses espaces à Châtelet-Les Halles. Ce dispositif repose sur des algorithmes capables de repérer des situations anormales telles que des mouvements de foule, des comportements violents ou des objets délaissés. En cas de détection d’anomalie, l’alerte est donnée pour qu’une intervention humaine puisse être lancée.

Sans surprise, ce vaste réseau attire les entreprises cherchant à effectuer des tests. Dans une note intitulée  » La sécurité à l’heure de l’intelligence artificielle  » publiée début février 2020, l’agence d’urbanisme Institut Paris Région (IPR) révèle que la RATP  » est régulièrement sollicitée par les industriels pour participer à des programmes de recherche-action visant à perfectionner la technicité des algorithmes « .

Au deuxième semestre 2020, la RATP compte faire de Châtelet un  » Lab Intelligence Artificielle « . L’objectif sera de  » poursuivre les expérimentations afin de suivre l’évolution des technologies et d’optimiser le vaste réseau de caméras vidéos au bénéfice de la sûreté des voyageurs « .

La reconnaissance faciale de la RATP prend les voyageurs égarés pour des maraudeurs

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Dans son document, l’Institut Paris Région précise que les expérimentations menées à Châtelet  » servent à valider des technologies et n’ont pas de retombées opérationnelles directes « . D’ailleurs, les résultats de ces tests se révèlent  » plus ou moins mitigés en fonction des scénarios « .

Dans le cas du maraudage, par exemple, l’algorithme considérait qu’une personne maintenant une position statique pendant plus de 300 secondes dans un lieu fréquenté était un cas suspect. Or, sur ce critère, les utilisateurs qui attendaient un rendez-vous ou recherchaient leur itinéraire sur un smartphone étaient considérés comme des maraudeurs…

L’échec de ces expériences s’expliquerait notamment par l’ancienneté des caméras : 98% sont analogiques et sont donc peu adaptées aux algorithmes actuels. De plus, la station de métro est un environnement complexe de par sa luminosité, ses vibrations ou sa fréquentation élevée qui représentent des contraintes pour les algorithmes.

Nonobstant, l’IPR révèle que  » depuis peu, la RATP enregistre les images filmées quotidiennement, en floutant les visages des usagers, pour créer une base d’apprentissage pour les prochains algorithmes et les entraîner aux conditions réelles de ses espaces « .

Il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire des défenseurs de la vie privée, à commencer par La Quadrature du Net qui appelle le gouvernement à interdire l’usage sécuritaire de la reconnaissance faciale depuis décembre 2019.

Suite à la publication de la note d’IPR, La Quadrature du Net s’est exprimée sur en appelant les citoyens à rejoindre la campagne  » Technopolice « . Lancée en septembre 2019, cette campagne vise à informer sur les dérives de la reconnaissance faciale et à  » organiser la résistance « . Dans son manifeste, Technopolice dénonce  » la mise sous surveillance totale de l’espace urbain à des fins policières «  comme le  » véritable visage  » de la Smart City…

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