Attentat d’Arras : Gérald Darmanin veut interdire les messageries chiffrées

L’auteur de l’attentat d’Arras, a-t-il utilisé les messageries chiffrées pour préparer son attaque ? Gérald Darmanin s’interroge et envisage de les interdire.

Lundi dernier, le ministre de l’Intérieur discutait de l’attentat d’Arras et de l’implication des messageries chiffrées lors du compte-rendu de la réunion de sécurité à l’Élysée. Darmanin a lancé l’idée d’un réajustement législatif pour que le chiffrement de bout en bout n’entrave plus la surveillance terroriste.

D’abord, rappelons le contexte de l’attentat d’Arras. Le 13 octobre dernier, un jeune homme de 20 ans muni d’une arme blanche s’introduit dans le lycée Gambetta-Carnot pour y commettre un massacre. Il assassine Dominique Bernard, un enseignant de 57 ans, et blesse grièvement trois autres personnes.

D’autre part, les services de renseignement suivaient le jeune radicalisé depuis juillet 2020. Mais les méthodes classiques de surveillance – écoute de ses conversations téléphoniques ou expertise de la géolocalisation de ses appareils – n’ont donné aucun résultat.

Le défi du chiffrement de bout en bout

Le travail des services de renseignement dans la lutte contre le terrorisme repose en partie sur la collecte des informations. Le renforcement de la protection des données personnelles en matière de téléphonie mobile a considérablement compliqué leur tâche.

Le verrouillage par mot de passe, schéma, code PIN ou reconnaissance biométrique continue de compliquer la tâche des services de renseignement. D’autant plus que cette sécurité s’est également étendue aux applications.

Vient ensuite le gros problème du chiffrement de bout en bout. Avec les messageries chiffrées, les personnes ne faisant pas partie d’une conversation ne peuvent pas accéder au canal de communication. Seuls les interlocuteurs peuvent lire le contenu des échanges. Ce qui pose un défi d’ampleur aux services de renseignement.

Surveillance hors du cadre de la loi

Dans l’état actuel des choses, il ne reste qu’une option aux services de renseignement : Compromettre le smartphone. Le ministre de l’Intérieur parlait de « techniques de renseignement très intrusives » durant le point de presse.

Casser le code d’un chiffrement de bout en bout est réalisable, mais cela reste extrêmement difficile. Pour cela, les experts informatiques doivent mettre la main sur le téléphone pour éplucher le contenu à l’insu de son propriétaire. Ils vont jusqu’à appliquer des techniques de piratage et utiliser des logiciels espions.

« Ce n’est pas permis par le droit français. Ce n’est permis dans aucun pays au monde », indique Gérald Darmanin pour qualifier ces pratiques. Pour le ministre de l’Intérieur, le renforcement de la protection des Français implique une évolution législative sur ce sujet.

L’attentat d’Arras relance le débat des messageries chiffrées

Le chiffrement de bout en bout opère par défaut avec les applications WhatsApp et Signal. Notons que cela n’est pas le cas avec leur concurrent, Telegram. Pour l’heure, les services de renseignement ne peuvent pas confirmer si le terroriste d’Arras a utilisé ces messageries privées pour préparer son attaque.

Mais pour Gérald Darmanin, il est primordial que les plateformes de messages chiffrés puissent faciliter la tâche des autorités françaises. Le gouvernement continue d’ailleurs de négocier avec les messageries chiffrées pour obtenir des accès en cas de force majeure.

Rappelons que les plateformes comme WhatsApp font du chiffrement un argument de vente. En donnant suite à la requête des autorités françaises, elles pourraient mettre en colère leurs utilisateurs.

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