En Chine, la ville de Guiyang utilise les données fournies par un opérateur téléphonique pour suivre les mouvements migratoires des travailleurs. Une manière de plus de surveiller la vie quotidienne des citoyens dans un pays où le Big Data est utilisé par le gouvernement.
Dans la cadre de la Big Data Expo organisée à Guiyang, au sud-ouest de la Chine, un représentant de China Mobile a expliqué que la firme aide la police de Guiyang à suivre les mouvements de migrants en temps réel. Pour ce faire, China Mobile s’appuie sur les informations d’identité fournies par les clients lors de l’achat d’une carte SIM. L’opérateur téléphonique est en mesure d’obtenir des informations sur les citoyens au sein d’un périmètre délimité, mais aussi des détails sur leur genre, leur âge et leur provenance géographique.
Chine : un système de crédits sociaux basé sur le Big Data
En effet, en Chine, le Big Data est utilisé par le Parti Communiste pour surveiller les citoyens, mais aussi les politiciens. Par exemple, les dépenses en vins et autres produits de luxe sont soigneusement analysées. Dans une quarantaine de villes, la Chine a introduit un système de crédits sociaux basé sur les données. Ce système sera étendu à l’ensemble du pays d’ici 2020.
Les informations au sujet d’une personne qui achète du vin onéreux, des produits de luxe étrangers ou un billet d’avion seront renseignées dans un gigantesque système permettant d’analyser des blocs de données pour tenir le gouvernement informé de la situation. Le suivi des commentaires postés sur les réseaux sociaux sera également renseigné dans le système.
Si plusieurs pays utilisent le Big Data pour leurs systèmes de crédits financiers, en Chine, le Big Data n’est pas uniquement focalisé sur les dettes et les revenus mais sur l’ensemble des comportements économiques et sociaux. L’objectif étant d’attribuer aux citoyens des récompenses et des punitions.
Chine : les entreprises fournissent volontiers les données de leurs clients au gouvernement
De nombreuses entreprises chinoises basées sur internet se joignent à cette expérience gouvernementale. Par exemple, Mobike, une firme de location de vélo, offre des points de récompense aux utilisateurs qui inspectent volontairement les vélos garés et informent l’entreprise sur les mauvais comportements d’autres cyclistes. Le Big Data pourrait également obliger les policiers à agir de façon plus respectueuse, et à améliorer les services d’éducation et de santé.
Toutefois, cette technologie peut également aider les autorités à suivre les mouvements des dissidents politiques, des journalistes, des entreprises étrangères et des particuliers. En effet, pour les entreprises internationales implantées en Chine, le système de crédits sociaux risque de poser des problèmes de réduction de liberté en termes de prise de décision. Toutefois, ce système peut favoriser l’égalité entre les entreprises, en obligeant les entreprises domestiques et internationales à suivre les mêmes règles.
Kweichom Moutai Group, qui produit des vins de luxe, a créé une application mobile et encourage ses clients à effectuer des achats en ligne. Ainsi, la firme surveille les achats sur internet pour comparer la proportion de clients potentiels avec la part de clients réels. Ainsi, il est possible de proposer des promotions dans les différentes régions en se basant sur ces informations. Cependant, cette entreprise utilise le Big Data uniquement pour son intérêt privé. Les données ne sont pas rendues publiques.
Chine : le Big Data, un instrument diplomatique ?
Ce n’est pas le cas de nombreuses entreprises qui confirment qu’elles partagent régulièrement leurs données avec le gouvernement. Par exemple, le département du tourisme collecte des données en provenance d’un vendeur de tickets en ligne pour déterminer le flux de touristes chinois dans différents pays spécifiques et juger quelle destination attire le plus de dépenses.
Cette information est très précieuse pour le gouvernement, qui s’inquiète de la fuite des cerveaux et des moyens financiers hors de Chine. De plus, le tourisme est utilisé par la Chine comme un levier politique dans les négociations internationales. Par exemple, suite à l’installation du système anti-missile américain THAAD en Corée du Sud, la Chine a tout fait pour dissuader ses citoyens de voyager dans le pays voisin.
- Partager l'article :