La CIA collecte secrètement de vastes volumes de données sur tous les citoyens américains. C’est ce que viennent de révéler deux Sénateurs Démocrates, suite à la déclassification de documents…
Le Big Data a le pouvoir d’améliorer nos vies au quotidien, notamment grâce à l’intelligence artificielle ou à la Smart City. Toutefois, les données peuvent aussi être exploitées par les gouvernements et les services de renseignement pour surveiller les citoyens…
Depuis bien longtemps, les Américains s’inquiètent sur les informations que leurs services de renseignement collectent domestiquement. Ces inquiétudes sont notamment liées aux précédentes violations des libertés civiles américaines survenues par le passé.
En théorie, la CIA et la NSA ont une mission de surveillance à l’étranger. Ces agences ne sont pas autorisées à enquêter sur les citoyens américains ou sur les entreprises américaines. Toutefois, il n’est pas rare que l’espionnage des communications étrangères couvre accidentellement des messages et des données d’Américains.
Il existe des barrières et des garde-fous censés permettre d’éviter les dérives. Les agences de renseignement doivent prendre des mesures, telles que la suppression des noms de citoyens américains dans les rapports à moins qu’ils ne soient pertinents dans le cadre d’une enquête.
Malgré cela, de nombreux Américains craignent que les renseignements les surveillent en secret. Et aujourd’hui, une nouvelle information semble confirmer ces soupçons…
Deux Sénateurs révèlent l’existence d’une base de données secrète de la CIA
You are about to witness an enormous political debate in which the spy agencies and their apologists on TV tell you this is normal and OK and the CIA doesn’t know how many Americans are in the database or even how they got there anyway.
But it is not ok.https://t.co/KtL0Us0vBi
— Edward Snowden (@Snowden) February 11, 2022
La CIA entretient une immense base de données secrète, regroupant des informations sur tous les citoyens des États-Unis. C’est ce que viennent de révéler deux Démocrates lors du Senate Intelligence Commitee ce 10 février 2022.
Aucun détail n’a été communiqué sur les données en question, mais les sénateurs sont désormais convaincus que la CIA dissimule depuis bien longtemps l’existence de ce programme auprès du grand public et du Congrès.
Les sénateurs Ron Wyden de l’Oregon et Martin Heinrich de New Mexico ont envoyé une lettre aux services de renseignement pour demander la déclassification d’informations supplémentaires. Cette lettre a été envoyée en avril 2021, et déclassifiée ce 10 février 2022. Selon Wyden et Heinrich, ce programme de collecte de données a été orchestré en dehors du cadre statutaire censé le gouverner.
À travers un communiqué, la CIA déclare qu’elle « reconnaît et prend très au sérieux l’obligation de respecter la vie privée et les libertés civiles des citoyens américains dans la conduite de notre mission de sécurité nationale « . Elle ajoute être » dévouée à la transparence en cohérence avec notre obligation de protéger les sources et méthodes de surveillance « .
Une série de recommandations a été publiée par la CIA au sujet du programme, par un panel de supervision connue sous le nom de » Privacy and Civil Liberties Oversight Board « . Selon ce document, un pop-up avertit les analystes de la CIA utilisant le programme qu’il est interdit de chercher des informations sur les citoyens américains protégés par les lois sur la confidentialité sans un motif de surveillance étrangère. Toutefois, le panel reconnaît que les analystes ne sont pas contraints de spécifier la justification de leurs requêtes…
Un nouveau scandale après les révélations de Snowden sur la NSA ?
Les deux sénateurs à l’origine de cette révélation réclament depuis bien longtemps une meilleure transparence auprès des agences de renseignement. Il y a près de dix ans, une question posée par Wyden au directeur de la National Intelligence laissait présager de futures révélations sur les programmes de surveillance de masse de la NSA.
En 2013, le sénateur demandait à James Clapper si la NSA collectait » n’importe quel type de données sur des millions ou des centaines de millions d’Américains « . À cette question, Clapper avait d’abord répondu » non » avant de préciser » pas sciemment « .
Quelques mois plus tard, l’ancien administrateur de systèmes Edward Snowden révélait que la NSA avait accès à des volumes massifs de données par le biais des fournisseurs d’accès à internet américains, et à des centaines de millions d’enregistrements téléphoniques grâce aux fournisseurs de télécommunications. Ces révélations ont provoqué une controverse mondiale et conduit à l’adoption d’une nouvelle législation par le Congrès.
Le directeur de la NSA, James Clapper, s’était par la suite excusé dans une lettre adressée au Senate Intelligence Committee, admettant que sa réponse à Wyden était » clairement erronée « .
Encore auparavant, le FBI a espionné les mouvements américains pour les droits civiques et secrètement enregistré les conversations du Dr Martin Luther King. De son côté, la CIA a enquêté pour savoir si le mouvement s’opposant à la guerre du Vietnam avait des liens avec des pays étrangers.
Des données d’Américains collectées » accidentellement » dans la lutte contre Daesh
Selon la lettre de Wyden et Heinrich, le programme de collecte de données de la CIA opère en dehors des lois votées et réformées par le Congrès, mais sous l’autorité de l’Executive Order 12333 : le document gouvernant l’activité de la communauté des renseignements et initialement signée par le Président Ronald Reagan en 1981.
À travers ce document, les deux Sénateurs expliquent qu’il est « essentiel que le Congrès ne légifère pas sans la connaissance d’un programme de la CIA, et que le grand public américain ne soit pas induit en erreur à penser que les réformes de législation couvrent pleinement la collection de leurs enregistrements « .
D’autres documents dévoilés par la CIA le 10 février révèlent des détails sur un programme de collecte de données financières dans la lutte contre Daesh. Ce programme a aussi couvert accidentellement des données d’Américains.
Les agences de renseignements sont soumises à des » guidelines « sur la prise en charge et la destruction des données d’Américains. Ces données et ces lois gouvernant l’activité des services de renseignement ont évolué au fil du temps, en réaction à de précédentes révélations sur l’espionnage domestique.
Selon un communiqué de l’American Civil Liberties Union, » ces différents rapports soulèvent de sérieuses questions sur le type d’informations que la CIA capture et sur la façon dont l’agence exploite ces informations pour surveiller les Américains « . En effet, il reproche à la CIA de mener des activités de surveillance sans aucune approbation de la justice, et sans garde-fou imposé par le Congrès.
BREAKING: Newly declassified documents reveal that the CIA has been secretly conducting massive surveillance programs that capture Americans’ private information.
— ACLU (@ACLU) February 11, 2022
En France, il est difficile de savoir dans quelle mesure les services de renseignement surveillent véritablement les citoyens. Rappelons que la loi du 3 juin 2016 renforçant la lutte contre le crime organisé et le terrorisme fournit aux procureurs et aux juges de nouveaux moyens d’investigation, dont l’utilisation de dispositifs techniques permettant de capter des données et conversations téléphoniques. Avec l’adoption du Pass Vaccinal, un dispositif qui semble conçu pour durer, il est probable que les dispositifs de surveillance et de collecte de données se renforcent…
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