Le Data Dividend Project est un mouvement lancé par Andrew Yang, ancien candidat Démocrate aux élections présidentielles américaines. Son but est d’instaurer une loi obligeant les entreprises à vous payer contre vos données personnelles.
Vous le savez sans doute déjà : nos données personnelles valent une fortune, et les entreprises de la tech s’en servent allègrement pour développer de nouveaux Business Models et s’enrichir.
Ces nouvelles ressources aussi précieuses qu’intangibles profitent en particulier aux GAFAM et autres géants du web qui les collectent massivement grâce aux réseaux sociaux, aux applications mobiles ou même aux objets connectés.
Les bases de données personnelles peuvent être revendues à prix d’or à des publicitaires qui les exploitent pour le ciblage, ou aux entreprises qui cherchent à cerner le consommateur dans les moindres détails pour lui vendre de nouveaux produits » data-driven « .
Même les gouvernements convoitent désormais les données personnelles. En France, par exemple, l’Ordre des médecins est actuellement en conflit avec le Conseil scientifique COVID-19 autour de la conservation des données des malades.
Pour ceux qui collectent et vendent ces informations, la manoeuvre est particulièrement rentable : à l’heure actuelle, les données ne leur coûtent tout simplement rien.
Dans sa grande générosité, le consommateur accepte naïvement d’offrir gratuitement ses données aux colosses du numérique. En participant à des tests Facebook, en naviguant sur le web, ou même en parlant à l’enceinte connectée pour laquelle il a déjà payé : il alimente une véritable industrie de la donnée dont l’ampleur ne cesse de croître.
Toutefois, cette époque d’innocence est révolue. Les internautes ont désormais conscience que leurs données ont une valeur, et sont de moins en moins enclins à laisser les entreprises les exploiter pour s’enrichir sur leur dos.
Les géants de la tech l’ont compris, et ont commencé à payer leurs utilisateurs en échange de leurs données. Par exemple, il y a quelques mois, Facebook a payé des internautes 5 dollars en échange d’enregistrements vocaux visant à améliorer sa technologie de reconnaissance de discours.
Data Dividend Project : vers un droit à la propriété des données ajouté au RGPD ?
Cependant, Andrew Yang souhaite aller plus loin. L’ancien candidat Démocrate aux élections présidentielles américaines souhaite instaurer une loi pour contraindre les entreprises à payer en échange des données personnelles.
C’est la raison pour laquelle il a lancé ce 22 juin 2020 le Data Dividend Project, dont l’objectif est » d’établir et de faire appliquer les droits de la propriété des données « .
Plutôt qu’une loi entièrement nouvelle, il s’agirait d’une mise à jour de lois telle que la California Consumer Privacy Act. Entrée en vigueur en janvier 2020, la CCPA est l’équivalent du RGPD à l’échelle du » golden state « .
On peut donc également imaginer une telle modification pour le RGPD européen, visant à conférer aux citoyens le droit de détenir et de vendre leurs données. Si cette initiative est un succès en Californie, l’UE pourrait s’en inspirer à son tour.
Les supporters du projet sont invités dès à présent à remplir un formulaire en ligne. L’objectif sera de permettre à Andrew Yang et à son équipe d’estimer le nombre de plateformes réalisant un profit grâce aux données des internautes.
Cette étude devrait servir à prouver la pertinence du projet, et à témoigner de l’intérêt que lui portent les citoyens. D’ici la fin 2020, le groupe espère avoir collecté les réponses de plus d’un million de personnes…
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