À l’heure actuelle, le marché du cloud est largement sous la domination des géants américains, notamment Amazon avec sa division Amazon Web Services (AWS), Microsoft Azure et Google. Ces entreprises ont réussi à établir une position de leadership grâce à leur avance technologique notamment et ont ainsi des parts de marché impressionnantes.
Ce problème touche bien évidemment l’Europe et la France. En effet, les trois géants américains dominent outrageusement le marché français et se partagent environ 70 % du marché et n’entendent pas en rester là, comme nous allons l’expliquer plus loin.
Cependant, nous notons que des initiatives émergent en Europe dans le but de proposer des alternatives locales et de réduire la dépendance envers ces acteurs américains.
La Commission européenne a récemment débloqué un fonds conséquent de 1,2 milliard d’euros pour stimuler le développement du cloud sur le Vieux Continent. Cette mesure s’inscrit dans une volonté de favoriser la souveraineté numérique et de renforcer la compétitivité européenne dans le domaine du cloud computing.
Un exemple concret de cette tendance est le groupe Schwarz, maison mère de la chaîne de supermarchés Lidl, qui a décidé de se lancer dans le secteur du cloud avec des objectifs ambitieux. En mettant l’accent sur la séduction des PME allemandes, le groupe vise à devenir un leader du cloud en Allemagne. Cette démarche illustre la volonté de certaines entreprises européennes de prendre en main leur infrastructure cloud et de favoriser l’émergence de solutions locales. Elles réalisent, à l’évidence, que des opportunités s’offrent à elles.
Le Français OVHcloud, de son côté, a annoncé de bons chiffres en ce début d’année 2024 et n’hésite pas à montrer son ambition. Cet article du Siècle digital indique que la compagnie « mise sur une croissance comprise entre 11 % et 13 % » pour cette année. Elle compte même marcher sur les platebandes anglo-saxonnes en ouvrant des data centers à Sydney ainsi qu’à Toronto.
Malgré ces initiatives encourageantes, le chemin vers l’indépendance européenne dans le domaine du cloud s’annonce ardu. Les géants américains conservent une avance significative sur leurs concurrents européens, avec des parts de marché colossales. Cette situation pose un défi majeur pour les entreprises et les autorités européennes cherchant à promouvoir des alternatives locales.
Les préoccupations européennes quant à la protection des données ont également été prises en compte par les acteurs américains. Amazon, par exemple, a annoncé le lancement d’un nouveau cloud indépendant spécifiquement dédié à l’Europe. De même, Microsoft a introduit le « Microsoft Cloud for Sovereignty », et Oracle a déployé son « EU Sovereign Cloud ». Enfin, Google communique volontiers sur son cloud made in France. Ces solutions visent à répondre aux inquiétudes des entités européennes souhaitant conserver leurs données sur le continent, en renforçant les garanties de souveraineté numérique. En revanche, elles déplaisent aux petits acteurs locaux qui n’hésitent pas à évoquer un marché totalement pipé, citant par exemple les pratiques anticoncurrentielles venues des USA. Comme l’explique cet article, Amazon est dans le viseur de la Federal Trade Commission pour ce type de pratiques.
Cependant, la diversité des approches au sein de l’Europe elle-même crée des défis supplémentaires. Les Français, par exemple, se distinguent par une certification stricte appelée SecNumCloud. Ils s’inquiètent du fait que l’offre eurocompatible d’Amazon ait été acceptée par les Allemands, soulignant ainsi la complexité de la construction d’une vision commune en matière de cloud au niveau européen. Le problème ne concerne bien évidemment pas que l’Union européenne puisque le débat fait rage en Suisse, un pays qui peine à trouver tous les informaticiens dont il a besoin et dont l’armée a annoncé en novembre 2023 qu’elle allait recourir à Microsoft 365. Elle a ensuite précisé que le cloud utilisé serait situé dans le pays, ce qui n’a pas fait taire les critiques. En effet, on craint que l’entreprise américaine mandatée n’obéisse aux injonctions extraterritoriales qui sont permises par le CLOUD Act, une loi adoptée en 2018 permettant d’accéder aux données d’entreprises même hors des États-Unis !
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