Après la Zambie, le Kenya ou encore l’Afrique du Sud, c’est au tour du Cameroun de faire appel à la Chine et à Huawei pour construire son Data Center. La présence chinoise continue à s’étendre dans le paysage numérique africain… pour le meilleur et pour le pire.
C’est aux portes de Yaounde, la capitale du Cameroun, qui se dresse désormais le centre de données Camtel NBN II. Surnommé Zamengoe, ce Data Center de Tier 3 s’étend sur 3000 mètres carrés. Il est composé de cinq halls et d’une salle des serveurs de 400 mètres carrés.
Pour financer ce projet à 15 millions de dollars, Cameroon Telecommunications (Camtel) a emprunté au gouvernement chinois par le biais de la banque d’Etat Exim Bank. De plus, c’est un consortium chinois qui s’est chargé de la construction du centre : China Shenyang International Cooperation.
L’équipement a été fourni par Huawei, le géant chinois des télécommunications. On retrouve notamment un système de gestion des accès, des caméras de surveillance, un système anti-incendie, un système de gestion d’énergie automatisé de 440 kW, et quatre générateurs d’électricité de 1000 kVA avec une capacité de 40 000 litres.
Au sein de ce Data Center, seront hébergées les données des agences gouvernementales, des institutions éducatives, des télécom, des institutions financières, des commerçants et éventuellement des hyperscalers comme AWS et Microsoft.
Autant dire que le Cameroun s’en remet pleinement à la Chine pour la gestion de sa transformation numérique. Un choix qui peut sembler risqué, à l’heure où Huawei et d’autres entreprises détenues par le gouvernement chinois ont été bannis de plusieurs pays sur fond de soupçons de surveillance de masse.
Rappelons que les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou encore l’Australie refusent l’équipement 5G fourni par Huawei. Même les smartphones de la marque sont interdits aux Etats-Unis. En outre, le CFO de Huawei risque l’extradition vers les Etats-Unis par les autorités canadiennes.
Huawei : allié de confiance ou Cheval de Troie pour l’Afrique ?
De leur côté, les pays africains semblent moins regardants et acceptent de prendre le risque de faire confiance à la Chine. Contrairement à une superpuissance comme les Etats-Unis, il est évident que l’Afrique n’est pas en position de force et a beaucoup moins à perdre en acceptant » l’aide » de la Chine pour se développer…
Ainsi, depuis plusieurs années maintenant, les entreprises chinoises investissent massivement en Afrique. C’est tout particulièrement le cas de Huawei, désormais omniprésent dans le paysage numérique africain.
La firme controversée a par exemple noué un partenariat avec le fournisseur de télécom sud-africain » Rain » pour développer son réseau 5G. Celui-ci est déjà disponible au Cap, à Claremont, à Goodwood, à Bellville et à Durbanville.
Au fil du temps, Huawei déploiera de nouvelles stations, et partagera des infrastructures et des solutions avec Rain pour l’accompagner dans son déploiement rapide et peu coûteux de la 5G. Plusieurs antennes seront bientôt déployées à Johannesburg.
En avril 2019, Huawei s’était aussi chargé d’un projet de Data Center, de smart city et de surveillance au Kenya pour une valeur de 172,7 millions. Là encore, ce projet Konza Technology City est financé par des prêts chinois à faible taux…
Auparavant, en 2017, c’est la Zambie qui s’en est remise à Huawei pour un Data Center à 75 millions de dollars dans le cadre de son projet Smart Zambia. Ce projet a pour but de permettre la création d’une économie numérique d’ici 2030.
Sur le court terme, il ne fait aucun doute que l’Afrique peut profiter de la main tendue par la Chine pour se développer. Cependant, elle accepte aussi de dépendre entièrement de la Chine, de lui être redevable à hauteur de centaines de millions de dollars, et de la laisser accéder à toutes ses données et même de les contrôler…
https://www.youtube.com/watch?v=-ko5BxPz2OE
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