Le site des impôts permet depuis quelques jours de faire sa déclaration de revenus 2017 en ligne. Cependant, le gouvernement s’est attiré les foudres des internautes en les obligeant au préalable à visionner une vidéo explicative sur le prélèvement à la source… hébergée sur YouTube. Par la même, les citoyens ont été obligés à fournir leurs données personnelles à Google. Retour sur une maladroite initiative.
Depuis le 11 avril 2018, le site impots-gouv.fr permet de déclarer ses revenus 2017 en ligne pour l’imposition 2018. Malheureusement, bien que fort pratique, ce service a suscité une vive controverse.
Pour cause, avant de pouvoir déclarer ses revenus, il était initialement obligatoire de visionner une vidéo expliquant le fonctionnement du prélèvement à la source (qui entrera en vigueur l’année prochaine). Cette vidéo étant hébergée sur YouTube, elle permettait à Google de récupérer les données personnelles de tous les Français visitant le site.
Rappelons en effet que YouTube (la plateforme d’hébergement vidéo de Google) s’autorise à récolter les données de comportement liées à l’utilisation de son service. Ces données agrégées sont ensuite anonymisées et mises à disposition des annonceurs pour leur permettre de procéder au ciblage publicitaire.
C’est la raison pour laquelle de nombreux internautes refusent d’utiliser YouTube. Or, la déclaration de revenus étant obligatoire, le gouvernement français a indirectement forcé les citoyens à laisser Google s’emparer de leurs données. Ce mélange entre service public et entreprise privée a naturellement fait grincer de nombreuses dents.
Impôts : une vidéo YouTube obligatoire avant de pouvoir déclarer ses revenus
Au départ, il était obligatoire de visionner 60 secondes de la vidéo sur un total de deux minutes avant de pouvoir accéder à la déclaration. Un cookie était installé dans le navigateur de l’utilisateur pour s’asurer qu’il avait visionné la vidéo. Au total, la vidéo a ainsi été visionnée plus de 4,7 millions de fois.
Lorsuq’un internaute s’est plaint sur Twitter, le compte officiel des Finances Publiques lui a répondu que la vidéo était obligatoire car les citoyens français « ne se sentent pas assez informés », ajoutant que « quelques minutes d’attention pour une réforme qui va concerner 37 millions de foyers fiscaux semblent acceptables ».
Cette vidéo est temporaire. Et quelques minutes d’attention pour une réforme d’envergure qui va concerner 37 millions de foyers fiscaux et plus de 3 millions d’entreprises, il nous semble que c’est acceptable. De nombreux Français estiment être peu informés, dont acte.
— FinancesPubliquesFr (@dgfip_officiel) April 11, 2018
En plein débat sur la protection des données personnelles suite au scandale Facebook / Cambridge Analytica, cette réponse au ton cinglant a eu pour effet d’ajouter de l’huile sur le feu. Sur Twitter, les internautes se sont déchaînés. Suite à la polémique, il est désormais possible de fermer la fenêtre après cinq secondes. La Direction générale des finances publiques réfléchit à présent à une solution alternative.
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