En juin 2014, afin de constituer un Observatoire Big Data en France, l’International Data Corporation a mené l’enquête auprès de 200 entreprises de plus de 500 employés issus de tous les secteurs d’activité. Les données et statistiques récoltées ont permis de réaliser une infographie claire et détaillée sur la dynamique du Big Data en France, en partenariat avec Hewlett-Packard.
Depuis quelques années déjà, le Big Data est présenté comme un enjeu d’avenir, mais également comme le défi de la décennie pour les entreprises du monde entier. Toutes les grandes firmes américaines s’emploient désormais à collecter un maximum de données exploitables pour ensuite les analyser en profondeur et augmenter leurs revenus. Mais qu’en est-il en France ?
Selon l’étude menée par IDC, en 2014, le marché français du Big Data affichait une valeur de 285 millions d’euros. À l’horizon 2018, le cabinet d’analyses prévoit une progression de 129% pour une valeur totale de 652 millions d’euros. D’après une autre enquête menée par IDC, sur l’ensemble de l’Europe de l’Ouest, le marché progresserait de 2,3 milliards en 2013 à 6,9 milliards en 2018, soit une progression de 24,6% par an. Dans le monde entier, le cabinet d’analyse estimait la valeur du Big Data à 125 milliards de dollars en 2015. Ce marché se divisait à l’époque entre les logiciels à 24%, les services à 33%, et les infrastructures à 43%.
Sur les 200 entreprises interrogées, 56% n’avaient pas encore de projet Big Data. 20% étaient en train d’évaluer l’utilité d’un projet et d’une stratégie Big Data. 24% avaient déjà déployé leur solution Big Data ou étaient en train de s’y atteler.
Taux d’adoption par secteur d’activité
Le taux d’adoption variait cependant en fonction des différents secteurs d’activité. Dans le commerce, domaine de prédilection du Big Data, ce taux s’élevait à 33%. Dans les transports et les services financiers, il était de 30%. La distribution atteint 30% d’adoption.
La santé se plaçait à 25%, suivie par les usines et les services à 24%. Les entreprises utilitaires et les télécoms avaient adopté le Big Data à 22%, tandis que les services publics demeurent réticents avec 17%. Enfin, l’éducation arrivait en dernière position avec 16% de taux d’adoption.
Les solutions déployées
Parmi les solutions déployées, la principale initiative concernait l’investissement dans des technologies de stockage de dernière génération, indispensables pour contenir le volume de données de plus en plus conséquent. 32% des entreprises avaient déjà investi dans ces solutions, tandis que 44% prévoyaient de le faire dans les 12 prochains mois.
Par ailleurs, 24% des entreprises sondées avaient ouvert un accès des utilisateurs à une solution Big Data en production, ce que 40% prévoyaient de faire dans l’année. Les chiffres sont pratiquement les mêmes concernant l’utilisation d’une solution Big Data dans le cloud. De même, 24% utilisaient déjà une appliance base de données comme celle d’Oracle, et 47% l’envisageaient sérieusement.
22% souhaitaient se servir du Big Data pour intégrer les informations sociales, et 44% prévoyaient de le faire. 19% utilisaient déjà l’outil de traitement Hadoop, tandis que 38% s’y apprêtaient. Enfin, 17% allaient déjà jusqu’à construire des pilotes Hadoop, et 37% s’y préparaient.
Les enjeux du Big Data pour les entreprises françaises
Afin de mettre en relief les enjeux du Big Data en France, IDC pointe du doigt l’importance du traitement des données aux yeux des entreprises interrogées. Pour 41%, les données générées en interne sont très importantes, voire extrêmement importantes pour 27%. Les données issues de capteurs ou de puces RFID quant à elles sont très importantes pour 59% et extrêmement pour 18%. Concernant les données en provenance des médias sociaux, seuls 9% estiment qu’elles sont d’une importance extrême, mais 64% s’accordent autour d’une grande importance. Enfin, les autres données demeurent très importantes pour 36% et extrêmement importantes pour 32%.
Une autre étude, menée par le cabinet Markess au début de l’année 2015 auprès de 190 entreprises françaises, intitulée « Big Data et Analytique » révèle que 57% des chefs d’entreprises françaises perçoivent le Big Data comme l’un de leurs trois principaux défis en termes de gestion de l’information. 82% considèrent que l’analyse des données peut améliorer leurs processus métiers, et 41% envisagent d’exploiter les données de leurs entreprises avant 2017.
De même, 61% considèrent le Big Data comme un moteur de croissance à part entière, au même titre que leurs produits ou services. 43% ont procédé à une restructuration pour exploiter les données de leurs entreprises. 36% ont dû faire appel à des aides extérieures pour analyser ces données.
Par ailleurs, l’analyse en temps réel de ces données semble être un enjeu majeur pour 65% des entreprises tous corps de métier confondus. 33% des entreprises ne tolèrent plus aucun délai pour cette analyse, et 40% ne peuvent accepter une latence supérieure à 10 minutes. Les données et leur traitement sont donc un enjeu d’avenir véritable pour les entreprises françaises.
Les bénéfices du Big Data à l’internationale
Concernant les bénéfices que peuvent apporter ces données, IDC s’appuie sur des statistiques mondiales. Aux États-Unis, dans le secteur de la santé, 300 milliards de dollars sont économisés chaque année et 0,7% de la croissance annuelle en termes de productivité découle directement de ces nouvelles technologies. Dans l’industrie du retail, le Big Data fait croître les marges nettes possibles de 60% et représente entre 0,5% et 1% de la croissance de productivité annuelle.
Dans l’industrie du manufacturing, les coûts de développement et d’assemblage sont réduits de 50%. Le fonds de roulement quant à lui diminue jusqu’à 7%. En Europe, le secteur public parvient à réaliser 250 milliards d’euros d’économie par an, tandis que la productivité croît de 0,5%. Enfin, dans le monde entier, les fournisseurs de services de localisation de données personnelles génèrent 100 milliards de dollars de revenus supplémentaires, et les utilisateurs finaux récoltent jusqu’à 700 milliards de dollars.
Une autre étude, menée par le cabinet Gartner, prévoit la création de 137000 nouveaux emplois liés au Big Data en France d’ici 2020. En 2015, 80% de chefs d’entreprise français déploraient encore le fait de manquer de personnel compétent pour l’exploitation des données.
Les freins à l’essor du Big Data
D’après les chiffres collectés par EY auprès de plus de 150 entreprises françaises, on compte en moyenne moins de 10 profils data par entreprise. La même étude révèle que seules 17% d’entre elles sont matures en termes d’exploitation des données clients. 45% d’entre elles collectent des données non structurées, et seules 27% ont investi dans des outils permettant d’exploiter cesdites données. 10% d’entreprises seulement font de l’analyse prédictive. 58% n’ont pas pensé à quantifier le retour sur investissement du Big Data. Par ailleurs, les entreprises se heurtent également à la réticence de 70% des clients à partager leurs données.
En conclusion, le Big Data en France en est encore à ses balbutiements. Les enjeux sont nombreux, et beaucoup d’entreprises perçoivent l’exploitation des données comme un moteur de croissance essentiel. Cependant, de nombreux freins tels que le manque de connaissances ou de personnel qualifié, ralentissent l’essor de ce marché prometteur dans l’hexagone.
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