Les nouveaux forçats de l’IA : Une armée de l’ombre au service des géants du numérique

L'essor des intelligences artificielles comme ou repose en réalité sur un immense travail invisible et précaire de « petites mains » dispersées dans le monde, principalement dans des pays pauvres.

Lorsqu'on évoque les intelligences artificielles dernières générations comme ChatGPT ou encore Midjourney, on pense aussitôt aux prouesses technologiques réalisées par les ingénieurs de pointe. Mais cette image brandie estompe une réalité plus prosaïque : ces fleurons reposent en grande partie sur une main-d'œuvre immense, dispersée et méconnue.

Des salariés low-cost surexploités

À travers le monde, des centaines de milliers de personnes œuvrent dans l'ombre en réalisant des micro-tâches d'annotation de données textes, images ou vidéos. Un travail de fourmi indispensable pour entraîner les algorithmes, mais effectué bien souvent dans des conditions précaires et une rémunération famélique.

Ces « travailleurs du clic » sont recrutés par des sociétés sous-traitantes ou des plateformes en ligne, principalement dans des pays en développement où le coût de la main-d'œuvre est très faible. Des entreprises comme Appen ou Remotasks les rétribuent parfois à quelques centimes de dollar la micro-tâche.

Un colonialisme numérique ?

Pour certains, ce modèle économique rappelant les heures les plus sombres du colonialisme ne passe plus. « Les firmes de la Silicon Valley profitent de la pauvreté dans certaines régions pour s'appuyer sur des travailleurs low-cost« , dénonce Antonio Casilli, professeur à Polytechnique.

D'anciens annotateurs lèvent également le voile, comme Mophat Okinyi. Cet analyste kenyan a été confronté des mois durant à des contenus d'une violence inouïe pour un salaire de misère, pour le compte d' à son insu. Il a créé un syndicat pour défendre de meilleures conditions.

Vers un nouveau modèle vertueux ?

Si l'IA promet de révolutionner notre quotidien, son développement repose donc paradoxalement sur un modèle économique décrié. Face aux appels se multipliant pour revaloriser ce maillon humain indispensable, les géants de la tech devront sans doute revoir leurs pratiques.

Une prise de conscience semble émerger. « L'IA ne peut être éthique si elle est entraînée de manière immorale », tranche Mophat Okinyi. Les consommateurs comprendront-ils que derrière les assistants virtuels se cachent encore trop souvent des conditions de travail ubuesques ? L'avenir le dira.

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