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Réseaux sociaux : 10 techniques des trolls pour vous mettre la rage

Les trolls sont un véritable fléau à l'ère des réseaux sociaux ! Pour éviter de vous faire piéger et de perdre votre sang-froid devant leurs provocations, découvrez leurs principales techniques et la meilleure façon de vous en protéger !

Sur les réseaux sociaux, la haine est monnaie courante. Sous couvert de l'anonymat offert par internet, certaines personnes expriment leurs opinions controversées inavouables dans le monde réel quitte à s'attirer la colère des autres utilisateurs…

En outre, les influenceurs ou les marques peuvent volontairement chercher à provoquer pour attirer l'attention. Toute visibilité est bonne à prendre. De plus, les algorithmes des réseaux sociaux eux-mêmes sont configurés pour promouvoir la controverse.

Il peut aussi s'agir d'une façon de faire avancer un agenda politique, non seulement en prenant des positions, mais aussi en poussant les opposants à s'agacer pour les discréditer.

Enfin, une troisième catégorie de personnes sème le trouble uniquement pour s'amuser : les trolls. Ils sont prêts à dire tout et n'importe quoi dans le seul but d'énerver et de faire sortir leur interlocuteur de ses gonds.

En réalité, un troll sommeille en chacun de nous. Selon Tobias Rose-Stockwell, auteur du livre « Outrage Machine: How Tech Amplifies Discontent, Disrupts Democracy », « si vous publiez quelque chose à propos de quoi vous êtes extrêmement en colère et ce post connaît beaucoup de succès, votre cerveau va commencer à supposer que c'est ce que le monde veut ».

Toutefois, ce phénomène accroît les divisions de la société et contribue à la désinformation. Ces discussions enragées nous empêchent aussi de nous concentrer sur ce qui se passe réellement dans le monde. Le stress peut également être mauvais pour votre santé mentale.

Il est souhaitable que les entreprises de réseaux sociaux fassent un effort de modération, et que les gouvernements régulent davantage le secteur. Toutefois, en attendant, vous devez vous protéger par vous-même contre ces prédateurs qui rôdent sur les réseaux.

La meilleure façon d'y parvenir est de comprendre leurs stratégies afin de les détecter avant de se laisser emporter par la colère et de tomber dans leur piège. Pour vous y aider, Rose-Stockwell a établi une liste des techniques de trolls les plus courantes…

La technique du « motte and bailey »

Véritable tour de passe-passe argumentatif, cette technique consiste à commencer par prendre une position faible et controversée : le « bailey ».

Dès que cet argument chétif est critiqué, le troll passe à la « motte » : une opinion forte est communément acceptée qu'il sera plus difficile de contredire. Ainsi, il mélange des absurdités et des avis radicaux avec des opinions sur lesquelles tout le monde est d'accord.

Par exemple, le bailey peut être « le fast food devrait être rendu illégal pour combattre l'obésité ». Lorsque l'interlocuteur répond que les gens devraient avoir la liberté de choisir ce qu'ils mangent, la « motte » peut être : « ne penses-tu pas que l'on devrait promouvoir des habitudes d'alimentation plus saines ? Nous faisons face à une crise de l'obésité ».

La déclaration ciseau

Une déclaration ciseau permet de diviser les observateurs en deux groupes distincts opposés. Elle consiste généralement à présenter une idée qu'une partie de l'audience trouvera extrême ou ridicule, tandis que l'autre la trouvera plausible ou méritant au moins considération.

Exemple : « pour vraiment résoudre l'oppression systématique, on devrait implémenter une taxe progressive sur l'attractivité personnelle ». Ou pour citer notre Sandrine Rousseau nationale : « on devrait créer un délit de non-partage des tâches domestiques ».

L'objectif est de séparer nettement les lignes binaires, pour mettre en conflit deux camps très différents dans un débat. De quoi envenimer une discussion en un instant.

L'homme de paille enflammé

Aussi appelé « Flaming Strawman » en anglais, il s'agit d'une phrase mélangeant deux idées rhétoriques. Exemple : « si vous êtes contre la surveillance du gouvernement, alors vous devez être pour laisser les terroristes courir les rues et blesser des personnes innocentes. Êtes-vous un djihadiste ? ».

Vous connaissez peut-être les arguments de type homme de paille, visant à tordre l'avis d'un opposant pour le rendre plus facile à critiquer. Cette technique permet d'amplifier, de pervertir ou même de fabriquer de toutes pièces les intentions de la personne.

Il devient ainsi plus simple de présenter sa propre opinion comme rationnelle. Cette version enflammée de l'homme de paille consiste tout simplement à ajouter une insulte ou une attaque personnelle.

Les entrepreneurs de conflit

Les Conflict Entrepreneurs ou Line Steppers aiment exploiter les lignes de faute politiques, culturelles ou sociales. Ils injectent du contenu outrageux dans ces espaces pour intensifier les émotions ou polariser le discours.

Ceci peut passer par la désinformation, les memes incendiaires ou d'autres techniques rhétoriques visant à diviser les audiences. Le but peut être le gain personnel, ou tout simplement de répandre le chaos.

Comme le dit le vieil adage : « il n'y a pas de mauvaise publicité ». L'engagement sur les réseaux sociaux est ce que ces personnes recherchent, même s'il s'agit de discussions haineuses.

L'effondrement de contexte

On emploie le terme de Context Collapse lorsqu'un événement est posé sur les réseaux sociaux sans les informations nécessaires pour comprendre le contexte.

Ceci mène l'audience à tirer des conclusions hâtives et à se précipiter dans les commentaires pour partager leur colère ou leur indignation.

En guise d'exemple typique, on peut citer une vidéo présentant un comportement problématique soigneusement éditée pour retirer les événements ayant mené à cette altercation. Les spectateurs ne peuvent donc pas juger sur l'intégralité des images.

Le fluage de contexte

Plus sournois encore que l'effondrement de contexte, cette technique de Context Creep consiste à ajouter un tout nouveau contexte inexact au contenu d'origine.

Elle est souvent utilisée pour expliquer pourquoi quelque chose est problématique en le rattachant à une narration plus large et troublante. Ceci peut être intentionnel, ou accidentel dans le but de combler les vides d'un effondrement de contexte.

Les réactions en chaîne

Sur les réseaux sociaux, le contenu bouleversant ou qui divise déclenche une réaction émotionnelle chez les personnes qui le voient.

En réaction, elles publient souvent leur propre contenu acide. Cette réaction en chaîne se poursuit, puisque d'autres internautes répondent à ces commentaires.

C'est donc une véritable cascade d'outrages, constituée de réactions à du contenu totalement séparé de l'événement d'origine…

La sélection de menaces

Un problème n'est pas toujours le reflet ou l'emblème d'un phénomène plus vaste. Un fait divers peut être un simple fait divers.

Toutefois, la technique du Threat Picking ou sélection de menaces consiste à mettre en lumière un risque sensationnel et à la présenter comme la preuve d'une chose encore plus effrayante.

Le but peut être d'influencer l'opinion du public, de promouvoir un narratif particulier, ou de servir un agenda spécifique. Le tout en prenant soin de discréditer les preuves contradictoires

Vous avez probablement pu observer de nombreux exemples pendant la pandémie de Covid-19. Les cas graves extrêmement rares étaient toutefois mis en exergue pour tenter de démontrer la dangerosité du virus…

La panique fantôme

Souvent résultat du Threat Picking (sélection de menaces), la panique fantôme est aussi appelée panique morale ou hystérie.

Elle consiste à prendre une anecdote (réelle ou imaginaire) pour la transformer en sujet politique central. Et ceci peut avoir un impact dans le monde réel.

Par exemple, de 1942 à 1976, les flippers ont été bannis de New York City parce que de nombreuses personnes pensaient qu'il s'agissait d'un jeu de hasard qui risquait de rendre les enfants accros aux paris.

Pour un exemple plus ancré dans l'actualité française, on peut évoquer l'Abaya qui se retrouve au centre de l'attention médiatique suite à sa simple interdiction dans les établissements scolaires.

Comment réagir face aux trolls ?

La première règle à retenir pour se protéger des trolls est : ne nourrissez pas le troll ! Ignorez-les, et n'hésitez pas à les bloquer sur les réseaux sociaux qui le permettent.

En cas de propos haineux, vous pouvez également signaler le message pour que la personne soit bannie ou même condamnée par la justice dans les cas les plus extrêmes.

À travers son livre, Tobias Rose-Stockwell n'a pas voulu jeter la pierre aux trolls. Selon lui, « il est facile de voir les fautes de nos ennemis et non les nôtres ». Il estime que « nous faisons tous partie de cette danse, et mon but est de nous aider à réfléchir collectivement sur la façon dont nous faisons tous une chose bizarre actuellement ».

Néanmoins, les utilisateurs ne sont pas les seuls responsables. Les entreprises de réseaux sociaux comme et devraient prendre des mesures. Toujours d'après Rose-Stockwell, « ralentir les choses au niveau de la plateforme pourrait nous aider à tous nous calmer ».

Pour l'heure, certaines fonctionnalités ont déjà été mises en place. Par exemple, un réseau social peut vous demander si « vous êtes sûr de vouloir publier cela » si votre message semble polémique.

De même, le système Community Notes de Twitter permet aux utilisateurs d'ajouter du contexte ou des corrections sur les tweets les plus inflammables. Le but étant d'empêcher l'incendie de se déclencher.

Toutefois, un travail serait à mener au niveau de l'algorithme pour éviter la promotion de contenu néfaste. Malheureusement, les géants des réseaux restent des entreprises motivées exclusivement par le profit…

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2 commentaires

2 Commentaires

  1. Article très intéressant.

  2. Article très intéressant.

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