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La Russie a son premier ordinateur quantique : quel impact sur la guerre ?

Le premier ordinateur quantique russe vient d'être présenté à Vladimir Poutine. En exploitant cette puissante machine, la Russie pourrait bénéficier d'un avantage militaire massif contre l'Ukraine… voici tout ce qu'il faut savoir.

Dans le cadre du Forum des Futures Technologies organisé le 19 juillet 2023 en Russie, Vladimir Poutine a eu droit à une démonstration des avancées réalisées par son pays dans le domaine de l'informatique quantique.

Le géant russe de l'énergie nucléaire Rosatom, principal responsable de la coordination des efforts nationaux pour l'innovation technologique, lui a notamment présenté son premier ordinateur quantique.

Il s'agirait d'une machine à 16-qubits, basée sur la technologie d'ions piégés. Et selon le de Rosatom, des simulations de molécules sont déjà exécutées sur cette puissante machine.

Cet ordinateur est développé par l'Institut de Physique Lebedev de l'Académie de Sciences de Russie et le Centre Quantique Russe.

L'utilisation d'ions piégés avec photoniques intégrées semble similaire à l'approche employée par des entreprises comme Continuum et IonQ.

Elle permet une haute scalabilité du nombre de qubits tout en réduisant l'impact des changements d'environnement comme les vibrations, les interférences électromagnétiques ou la température.

Comment la Russie investit massivement dans le quantique

Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, la Russie est donc déjà bien avancée dans l'informatique quantique. On estime que les travaux du pays dans ce domaine ont commencé le 7 novembre 2019, lors du lancement du programme scientifique dédié.

Un an plus tard, le gouvernement avait annoncé un investissement de près de 790 millions de dollars pour financer la recherche sur les cinq prochaines années.

En février 2022, Rosatom a annoncé la création d'un Laboratoire Quantique National visant à consolider toute la connaissance nationale dans ce secteur. Des équipes issues d'organisations publiques et privées ont uni leurs forces, permettant des progrès rapides.

Toutefois, dès 2015, le Laboratoire d'optique pour les systèmes quantiques complexes du LPI avait déjà construit une horloge quantique pour le GLONASS : l'équivalent russe du GPS.

C'est ce qui a permis à Rosatom d'exploiter la technologie d'ions piégés pour le développement d'un ordinateur quantique.

Selon la firme, les scientifiques ont vécu au sein du laboratoire pendant plus de trois ans afin de construire la machine présentée à Poutine.

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Un train de retard sur les États-Unis ?

Avec 16 qubits, l'ordinateur quantique russe est loin d'égaler le leader mondial et ses Quantum Processing Units (QPU) dépassant déjà les 127 qubits.

Il ne s'agit pas non plus du même type d'appareil. Celui d'IBM fait partie de la catégorie Quantum Gate, tandis que celui de Rosatom est de type Quantum Annealing ou recuit quantique.

Cette classe d'ordinateurs n'offre pas la même flexibilité, et leurs performances inférieures ne permettront certainement pas d'atteindre « l'avantage quantique ».

Néanmoins, ce type de système a pour point fort d'être déjà utile hors des laboratoires pour des cas d'usage concrets comme la résolution de problèmes d'optimisation.

Par exemple, Quantum Computing Inc a utilisé une machine de type Quantum Annealing pour résoudre un problème à 3854 variables pour BMW.

Ces appareils exploitent le principe physique bien connu qui veut que les systèmes préfèrent rester à la configuration énergétique la plus basse possible. Or, résoudre un problème d'optimisation consiste à trouver la meilleure solution et la moins énergivore parmi toutes les possibilités.

De la même façon, D-Wave est parvenu à trouver la meilleure solution militaire pour défendre Honolulu à l'aide d'une technologie de recuit quantique. En 13 secondes, le programme a analysé 67 millions de possibilités pour choisir la meilleure.

Ainsi, la Russie pourrait exploiter cette technologie pour optimiser l'allocation de ressources ou la logistique dans le contexte de la guerre en Ukraine

Quelles conséquences pour la guerre en Ukraine ?

Au-delà de ces tâches d'optimisation, l'informatique quantique pourrait théoriquement être exploitée de diverses façons par la Russie pour prendre l'avantage sur l'Ukraine.

Rappelons notamment que les ordinateurs quantiques pourraient potentiellement briser les systèmes de chiffrement utilisés à l'heure actuelle pour sécuriser les communications et les données sensibles.

C'est l'une des pires craintes liées à l'essor du quantique, à tel point qu'Emmanuel Macron considère le développement d'une cryptographie plus robuste comme une priorité.

En cas d'attaque de décryptage, les communications militaires, les plans stratégiques et autres informations confidentielles pourraient être dévoilés et la sécurité de l'armée et des opérations s'en trouveraient affaiblies.

Par ailleurs, les ordinateurs quantiques pourraient accélérer considérablement le traitement de données. Ceci serait avantageux pour l'analyse de renseignements et la prise de décisions stratégiques de la Russie, afin de mieux comprendre la situation sur le terrain et planifier les opérations.

Il serait également possible de simuler des scénarios de batailles et des modèles de comportement pour élaborer des stratégies plus sophistiquées.

On peut également redouter une intensification de la cyberguerre, avec le lancement d'attaques cybernétiques extrêmement sophistiquées grâce à l'immense puissance de calcul des Quantum Computers.

Les infrastructures critiques de l'Ukraine comme les réseaux électriques, les systèmes de communication et les banques de données pourraient être prises pour cibles…

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3 commentaires

3 Commentaires

  1. Est ce qu’il est possible de faire un cluster d’ordinateur quantique ?
    Est il possible en faisant un cluster,de le rendre « flexible » ?
    Ils ont annoncé qu’ils avaient un modèle d’ordinateur quantique en usage mais ils n’ont pas précisé combien de machines de cette technologie ils utilisaient .

  2. Ce qu’il faut savoir c’est qu’il y a un ou deux ans déjà la chine vendait à des particuliers par internet des ordinateurs quantique de 1qubit .
    certes ils étaient rudimentaire mais permettaient à qui voulait de s’initier à l’informatique quantique en laissant le particulier faire le montage de ses désirs.
    Donc est il possible de faire un cluster avec une ferme d’ordinateurs quantiques ?

  3. Ils sont forts ces ruskov ! Au fait, c’est un ordinateur quantique qui les a aidé à fracasser leur sonde sur la lune ?

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