L’ère du Big Data pousse le monde de l’espionnage à se remettre en question. Mais cette transformation s’effectue difficilement à en croire ces révélations.
Incontournable dans les entreprises, le Big Data dans l’espionnage reste marginal, notamment aux États-Unis. Dans un récent dossier, le magazine Bloomberg parle longuement du désintérêt des services américains pour les mégadonnées. Avec des moyens suffisants, celles-ci pourraient pourtant devenir une source majeure d’informations.
Le renseignement américain s’accroche aux anciennes méthodes
L’Internet ouvert est une source intarissable de données. Des contenus diffusés sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook ou X, en passant par les vidéos partagées sur YouTube, jusqu’aux signaux de localisation des smartphones et des applications automobiles. Il suffit de quelques clics pour accéder à ce volume stupéfiant de données.
« Depuis des années, les agences de renseignement américaines peinent à exploiter ces données », note Bloomberg.
À l’heure du Big Data, l’espionnage ne devrait plus uniquement compter sur le recrutement des informateurs et l’interception des communications. Pourtant, le renseignement américain s’adonne encore beaucoup à ces anciennes pratiques. Il trouve plus de prestige à voler ou intercepter des informations plutôt que de se fournir librement sur Internet.
Rappelons que le mois dernier, la Central Intelligence Agency (CIA) publiait encore sur sa chaîne YouTube des vidéos pour le recrutement de taupes russes. Celles-ci s’adressent aux concitoyens mécontents de Vladimir Poutine qui pourraient être tentés de changer de camp.
Contourner certains obstacles à l’aide du Big Data
L’Open-source intelligence (OSINT) ou renseignement de sources ouvertes est une information obtenue grâce à une source publique. En exploitant efficacement ce moyen, les services de renseignement peuvent récupérer une quantité stupéfiante d’informations sensibles.
Réseaux sociaux, forums, flux satellitaires, informations gouvernementales : il suffirait alors aux espions de faire le tri de ces montagnes de données.
D’autre part, l’acquisition de renseignements cruciaux par des taupes est une stratégie avec ses limites. Celle-ci ne fonctionne pas dans des pays où il est pratiquement impossible de placer des ressources humaines. Les agences d’espionnage n’ont alors aucun autre choix que de se tourner vers les mégadonnées.
« Le gouvernement a déjà utilisé l’OSINT, par le biais de dossiers publics d’entreprises, de documents de marchés publics, d’imagerie satellite, afin d’identifier les entités à sanctionner en raison de violations présumées des droits de l’homme au Xinjiang », raconte le magazine américain. Le génocide des Ouïghours se déroule dans cette région de la Chine.
Le Big Data dans l’espionnage : beaucoup de progrès à faire
Les agents américains sont submergés par un flot de données et ont du mal à les trier ou traiter. Ce flot de données est pourtant en constante augmentation. Les services de renseignement continuent de rechercher une méthode pour faciliter la prise en charge des données disponibles publiquement sur Internet.
Avril Haines siège à la tête de la Communauté américaine du renseignement. Rappelons que celle-ci rassemble 16 agences fédérales incluant des institutions comme le Federal Bureau of Investigation (FBI) ou la National Security Agency (NSA).
En octobre dernier, la directrice du renseignement national des États-Unis a donc nommé un nouveau responsable de l’OSINT. Cyberanalyste d’expérience, Jason Barrett a pour mission de mettre en place une stratégie pour ancrer l’utilisation du Big Data dans l’espionnage.
La Communauté américaine du renseignement entame donc sa mue. Elle entend rattraper son retard après avoir longtemps été réticente à investir dans l’information de sources publiques.
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