En octobre dernier, Sotheby annonçait l’acquisition de Mei Moses Art Indices, une base de données permettant de suivre la valeur des ventes aux enchères au fil du temps. Peu après, Artnet rachetait Tutela Capital, une entreprise analytique gérée par Fabian Bocart, venant s’ajouter à sa propre base de données de ventes aux enchères. Chacune de ces entreprises a un objectif différent, mais une chose semble certaine. Les données joueront un rôle clé dans l’évolution du marché de l’art.
Le 7 novembre dernier, dans le cadre d’un appel aux investisseurs, le chef exécutif de Sotheby, Tad Smith, expliquait que le rachat de Mei Moses Art Indices n’était qu’une première initiative s’inscrivant dans un projet de grande envergure. Sotheby souhaite exploiter les informations à sa disposition. La firme a développé un programme de gestion des relations avec la clientèle afin d’attirer de nouveaux acheteurs et de leur proposer plus d’offres.
Par exemple, si un client tente d’acquérir une œuvre d’art aux enchères mais n’y parvient pas, l’entreprise pourra lui proposer une pièce similaire dans les 24 heurs grâce à sa base de données relationnelle. Grâce à Mei Moses, Sotheby pourra rassurer les investisseurs et offrir aux vendeurs des points de données pour s’assurer que tout se déroule pour le mieux. La base de données permettra également d’estimer la valeur des œuvres.
L’indice de Mei Moses, développé par Michael Moses et Jianping Mei, passe en revue 45 000 ventes à répétition dans sept catégories différentes à partir des données en provenance des hôtels des ventes. Certains critiquent cet indice, car le nombre d’œuvres remises en vente régulièrement est trop faible pour extrapoler de façon fiable au sujet du marché dans son ensemble. Goss est d’accord avec ce point faible, mais souligne les avantages de suivre le parcours d’une même œuvre au fil du temps. Il affirme par ailleurs que Sotheby surveillera d’autres données en parallèle pour compléter celles de Mei Moses.
Le grand tableau
Evan Beard, directeur de la division art de US Trust, a salué la décision de Sotheby. Selon lui, des indices comme Mei Moses peuvent aider sa clientèle composée de banques privées à comprendre comment l’art s’inscrit dans un contexte financier plus global. Ce parallèle était jusqu’à présent difficile à dresser car les données étaient difficiles à trouver.
En 1989, Artnet parvint à remédier à ce problème avec la première base de données de prix en ligne, regroupant aujourd’hui plus de 10 millions d’enregistrements. En rachetant Tutela, la firme compte s’engager encore plus loin dans l’analyse et les applications de modelling. Selon Jacob Pabst, le chef exécutif, ce rachat ouvre de nouvelles possibilités en termes d’indices, d’estimations et d’algorithmes.
Certains économistes sont persuadés que le marché de l’art est limité par le manque de données disponibles et objectives. Grâce aux données, il sera désormais possible de décrypter l’évolution du marché à un niveau granulaire et de permettre à davantage de personnes d’entrer sur ce marché.
Utiliser les données pour déterminer les risques du marché de l’art
Grâce aux données, les collectionneurs pourront être encouragés à entrer sur le marché de l’art, au même titre que les investisseurs. Le Big Data permettra de déterminer les risques de voir la valeur d’une œuvre chuter, et ainsi garantir une sécurité rassurante pour les banques et les bras d’investissement.
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