Le biohacking s’impose de plus en plus dans notre quotidien. Au fur et à mesure que la technologie se développe, la question de la vulnérabilité de notre corps aux cyberattaques devient de plus en plus préoccupante. Notre corps peut-il réellement être piraté par les cybercriminels ? Voici ce qu’en pensent les experts.
Comprendre le biohacking
Lorsqu’on évoque le terme biohacking, on peut être amené à penser au piratage des dispositifs technologiques médicaux implantés dans nos corps. Cela en fait en effet partie du concept, mais ne le résume pas. Le biohacking, un terme inventé au début des années 2000, est bien plus vaste.
Dave Asprey, fondateur et PDG de Bulletproof, une société américaine dédiée au bien-être, explique. « Le biohacking est le processus consistant à utiliser la science, la biologie et l’auto-expérimentation pour prendre le contrôle et améliorer votre corps, votre esprit et votre vie ». En gros, le biohacking vous permet de prendre les choses en main pour « peaufiner » votre biologie.
Le biohacking englobe tout, des habitudes quotidiennes de base comme une bonne nutrition et l’exercice physique, jusqu’aux procédures de pointe comme la thérapie génique (stratégie thérapeutique consistant à introduire du matériel génétique dans des cellules pour soigner une maladie) et les dispositifs implantables.
Biohacking implantable et cybersécurité
Les pratiques englobées dans le biohacking ne sont pas toutes sujettes au cyberattaques. Seuls les dispositifs médicaux hi tech connectés sont vulnérables au piratage. Sur ce point, les experts tiennent à souligner que les hackers ne piratent pas le corps, mais la technologie implantée.
« Ce qui peut être piraté, c’est la technologie, pas le corps lui-même. Un appareil vulnérable peut être piraté à la fois à l’extérieur et à l’intérieur du corps. Ce à quoi nous devons prêter attention, c’est la sécurité de la technologie que nous essayons d’implanter », explique Pablo Martínez, un hacker white hat de la société de cybersécurité américaine Innotec Security.
Dans la catégorie des « implantables», la technologie RFID (Radio Frequency Identification) est probablement la plus largement utilisée. Le système permet à plusieurs appareils de s’identifier et de se contacter en émettant et en lisant des ondes radio.
« Cela permet à un attaquant de lire les informations sur une puce qui fonctionne avec la RFID, lui permettant ainsi de faire un clone dans une autre puce dont il dispose ou dans un émulateur RFID », explique Martínez.
Il existe d’autres dispositifs médicaux implantables, généralement vitaux pour certaines personnes. Les anciens modèles dotés d’une sécurité obsolète seraient plus vulnérables aux attaques, contrairement aux modèles de dernier cri. Cette vulnérabilité permettraient aux pirates de prendre le contrôle de l’appareil.
Des risques oui, mais, faibles
Selon les experts, les dispositifs de biohacking sont effectivement susceptibles d’être piratés par les hackers. Mais les risques sont faibles. Pour vous dire à quel point, Martínez estime que votre smartphone est largement plus vulnérable, car exposé à toute une gamme de menaces.
Les experts soulignent que l’objectif des cybercriminels est rarement de nuire directement à la santé d’un patient. L’agression peut être une conséquence de certaines actions, notamment des cyberattaques contre les hôpitaux par exemple. Les risques touchent tous les appareils implantables.
Selon le récent rapport de l’Agence de l’Union européenne pour la cybersécurité (ENISA), « les dispositifs médicaux implantables chez les patients, tels que les holters, les pompes à insuline, les stimulateurs cardiaques, les stimulateurs gastriques et cérébraux ; et même les appareils portables tels que les glucomètres, entre autres, sont connectés électroniquement aux systèmes numériques des hôpitaux ». Tous ces objets connectés sont exposés aux cyberattaques.
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