OpenAI Sora a le pouvoir de bouleverser le monde du cinéma. Si vous en doutez encore, en voici la preuve avec 10 nouvelles bandes-annonces de films entièrement créées par l’intelligence artificielle. Est-ce la fin d’Hollywood, après un peu plus d’un siècle d’existence ?
Depuis qu’OpenAI a dévoilé Sora en février 2024, cette IA générative de vidéos met le feu à internet et suscite de vifs débats.
Son potentiel immense pourrait bouleverser de nombreuses industries comme celles des vidéos YouTube, du contenu marketing, mais surtout du cinéma.
Après la première vague de vidéos dévoilées par OpenAI, voici dix nouveaux exemples de vidéos créées avec différentes IA de génération de vidéos. Cette fois, il s’agit de bande-annonces pour des films imaginaires ou n’ayant pas encore été créés.
Rappelons en effet que Sora n’est pas encore disponible. Pensez à laisser les tweets se charger : cela peut prendre un peu de temps à cause de la lourdeur du format vidéo !
10 trailers de films créés avec l’IA
On commence avec « A Nostalgic Astronaut » (Un Astronaute nostalgique), un court-métrage réalisé par Shang Chi et sélectionné comme Meilleur Film lors du Hackathong MIT AIfilmmaking 2024.
De son côté, Dave Clark a créé un teaser pour un film live inspiré par le manga de robots géants Gundam, à l’aide de l’intelligence artificielle Runway et sa nouvelle fonctionnalité « motion brush auto-detect ».
Le compte X « The Classified Football Results » a créé une vidéo d’hommage au football avec MidJourney et Runway.
Côté Japon, Kikkawa Mese nous a concocté un trailer pour le jeu vidéo Final Fantasy VII Rebirth avec MidJourney et le générateur de vidéos PixVerse.
Le créateur Shikoba a lui aussi créé un petit film dans l’ambiance du Japon médiéval, en utilisant MidJourney pour l’image et PixVerse pour l’animation.
Chez Ethereal Gwirl, ce sont les outils MidJourney, Pika, Runway, Magnific AI, StableDiffusion et Fulljourney qui ont été utilisés pour créer cet envoûtant court-métrage.
Le dénommé Paul Montreal à recréé la pub Levi’s « Creek » des années 90 par BBH London avec MidJourney, Runway, Artlist.io et Magnific AI.
Le court-métrage « ABSENCE » a été conçu par Dustin Hollywood avec Runway, MidJourney, Topaz Labs et Magnific AI.
Le compte PZF quant à lui nous propose un trailer de 60 secondes pour un film d’horreur imaginaire intitulé « Maternity ».
Enfin, Next on Now a créé un court film d’animation dénommé « DOG DAY » à l’aide de MidJourney, Runway et ElevenLabs.
Vers la fin de l’industrie du cinéma ?
Malgré la menace que représente Sora, Hollywood ne semble pas paniquer pour le moment. Certes : le magnat Tyler Perry vient de mettre en pause son projet d’extension de son studio à 800 millions de dollars.
Après avoir vu Sora, il a réalisé qu’il n’aurait plus besoin de se déplacer pour tourner ses films. Même s’il veut une scène enneigée au Colorado, il suffira d’entrer un prompt dans l’IA.
Les inquiétudes liées à l’IA générative étaient au coeur de la grève des scénaristes en 2023, et beaucoup de créateurs continuent à demander des protections contre l’usage de cette technologie.
Par exemple, Aubry Mintz, directeur de l’International Animated Film Association, rapporte que la communauté de l’animation est déjà « assez inconfortable avec Sora ».
Si cette IA parvient à rendre les rôles de l’animation de référence, du concept art et du storyboarding inutiles, ces professionnels risquent d’après lui de se retrouver au chômage.
Néanmoins, de nombreux professionnels de l’industrie estiment que l’intelligence artificielle est encore bien trop limitée pour mettre en péril leurs emplois.
Selon Reid Southen, illustrateur et artiste concepteur, « beaucoup de gens disent qu’Hollywood est fini, je ne pense pas vraiment que ce soit le cas pour beaucoup de raisons ».
Il considère ainsi que « les pipelines de production sont trop compliqués. Et ces vidéos sont un peu trop vagues avec trop de problèmes, en particulier avec la cohérence temporelle et les artefacts comme les membres en trop et des choses comme ça ».
Au-delà de Sora, quel futur nous réserve l’IA ?
Toutefois, Southen admet que les futures technologies plus avancées pourraient mettre en péril de nombreux emplois.
Comme il l’explique, « il devient clair que nous vivons dans une culture de l’assez bien, sur beaucoup de points, et donc s’il y a un dollar à gratter, les gens et les entreprises vont sauter dessus ».
De son côté, le réalisateur, scénariste et acteur britannique Blake Ridder estime que les capacités de Sora semblent pour le moment la restreindre à la création de vidéos de stock plutôt qu’à la création de films.
D’ailleurs, en 2023, OpenAI a noué un accord avec Shutterstock pour utiliser sa bibliothèque d’images, de vidéos et de musique comme données d’entraînement.
Ceci étant dit, Ridder est convaincu que Sora pourrait être utilisée comme outil pour améliorer le processus de production de films.
À ses yeux, « c’est un peu menaçant, car des gens pourraient utiliser Sora pour leur travail et dire que c’est quelque chose qu’ils ont créé ».
Cependant, « peut-être que les créateurs de films pourraient utiliser ces vidéos générées pour faire un concept de storyboard plutôt que de l’utiliser comme résultat final pour un projet ».
OpenAI veut rester du côté des créateurs
Quoi qu’il en soit, un porte-parole d’OpenAI a récemment déclaré que Sora ne serait pas lancé publiquement de sitôt. La firme veut d’abord collaborer avec les législateurs, éducateurs et artistes.
Déjà à l’heure actuelle, l’entreprise américaine fait l’objet de nombreuses plaintes l’accusant d’entraîner ses IA sur du contenu protégé par des droits d’auteur.
Ce n’est a priori pas le cas de Sora, entraînée uniquement sur du contenu acheté ou disponible publiquement.
Une autre inquiétude des artistes est que Sora puisse permettre aux studios de générer des clones virtuels des acteurs sans leur consentement, mais OpenAI précise sur son blog que le modèle rejettera les inputs demandant de représenter des célébrités.
La Federal Trade Commission des États-Unis a aussi proposé des règles visant à rendre illégale la création d’imitations de personnes réelles via l’IA en étendant les protections déjà appliquées à l’usurpation de gouvernement ou d’entreprise.
Pour conclure, Mintz rappelle qu’Hollywood a su s’adapter aux avancées technologiques telles que les images générées par ordinateur et les logiciels d’animation. Il espère que l’industrie pourra aussi survivre à l’IA.
Selon lui, « l’intelligence artificielle ne peut répliquer l’esprit créatif humain et prendre les décisions créatives que prennent les artistes depuis des siècles. Nous nous tenons sur les épaules de géants et faisons de notre mieux pour créer quelque chose d’unique et nous en sommes fiers ».
La question est de savoir si le grand public a réellement envie de laisser le cinéma entre les mains d’une industrie, avec ses codes et ses objectifs de bénéfices financiers, gangrénée par le vice comme l’a prouvé le mouvement #MeToo, ou s’il est préférable de libérer le 7ème art grâce à l’IA…
Quel est votre avis sur la question ? Partagez votre opinion en commentaire !
- Partager l'article :