Si les entreprises, dont Zoom, ont un intérêt pour l’utilisation des données de leurs clients dans le seul but de former leur intelligence artificielle, elles doivent offrir aux individus, via des conditions d’utilisation, la possibilité de choisir leur adhésion et le niveau d’implication qu’ils souhaitent.
Dans cette optique, Zoom a récemment ajusté ses conditions d’utilisation. L’objectif de cette mise à jour serait de pouvoir obtenir le droit d’utiliser l’ensemble des contenus générés par les utilisateurs ou les clients. Les modifications incluent cependant les enregistrements vidéo, les transcriptions audio, ainsi que les fichiers partagés, téléchargés ou créés.
Cette nouvelle politique que Zoom a adoptée soulève une multitude d’interrogations. Quel en est l’impact sur la confidentialité des utilisateurs ? Pourquoi l’option de désinscription n’est-elle pas évidente, sans mentionner la possibilité d’un consentement réel et éclairé ? Comment cela s’accorde-t-il avec les problèmes passés de Zoom en matière de conformité HIPAA ? Comment cela affecte-t-il les éducateurs américains ? Des acteurs liés par les lois FERPA qui ont été instaurées pour protéger la vie privée et les dossiers des étudiants ?
Vers le consentement des utilisateurs
Cet ajustement récent des conditions d’utilisation de Zoom met en lumière la nécessité pour les entreprises de permettre aux utilisateurs de consentir à l’utilisation de leurs données pour former les algorithmes d’intelligence artificielle. Cette nécessité est d’autant plus urgente lorsque ladite entreprise occupe une place prépondérante dans nos vies quotidiennes. Mais aussi quand les informations qu’elle collecte sont à la fois larges et personnelles.
Même les individus qui seraient enclins à contribuer à l’amélioration d’un outil qu’ils utilisent fréquemment hésiteront si le choix de consentir leur est retiré. Un consentement imposé n’est en aucun cas un vrai consentement. C’est pourquoi, au moment le plus opportun, Zoom a publié ce qui semble être un article de blog empreint de panique. L’article clarifiela portée de cette modification des conditions d’utilisation de zoom. Il met également en avant le processus d’adhésion aux fonctionnalités assistées par l’IA.
La société a ensuite inclus dans ses conditions d’utilisation une mention précisant que « nonobstant ce qui précède, Zoom n’utilisera pas de contenu audio, vidéo ou de chat pour former nos modèles d’intelligence artificielle sans votre consentement ». Néanmoins, ces modifications n’ont pas réussi à calmer l’inquiétude de nombreux utilisateurs.
En effet, l’option d’activation ou de désactivation ne peut être décidée qu’au niveau du client. Cela laisse à l’entreprise, à l’université ou au cabinet médical qui autorise l’utilisation de Zoom le choix, sans impliquer les utilisateurs individuels affiliés via cette licence. De plus, les conditions d’utilisation mises à jour laissent toujours ouverte la possibilité que Zoom puisse utiliser les données collectées à d’autres fins à l’avenir.
Nouvelles conditions d’utilisation de Zoom : des questions sans réponses
Par ailleurs, ni le billet de blog ni les conditions d’utilisation modifiées ne clarifient ce qu’il adviendrait si une organisation se retire, mais qu’un co-hôte rejoint l’appel via une autre organisation inscrite. Quelles données de cet appel seraient exploitables par l’entreprise ? Quelles informations potentiellement confidentielles pourraient se propager dans l’écosystème de Zoom ? Au niveau international, comment ces nouvelles dispositions de droits inscrites dans les conditions d’utilisation de Zoom se comparent-elles au Règlement Général sur la Protection des Données de l’Union Européenne ?
La plupart d’entre nous n’ont jamais eu l’occasion de décider directement si nous souhaitions que nos appels soient utilisés pour tester et former l’intelligence artificielle. On nous a simplement annoncé que cela se produirait et qu’en cas de désaccord, nous devions opter pour autre chose. Cependant, alors que Zoom a solidifié sa position en tant que plateforme incontournable pour les appels vidéo, les alternatives ne sont guère séduisantes. Utiliser un outil de Google ou de Microsoft est envisageable. Mais ces entreprises ont elles-mêmes rencontré des problèmes en utilisant les données de leurs utilisateurs pour former leur IA.
Une alternative plus complexe et moins familière
L’autre option consiste à adopter une solution moins familière et plus complexe. Néanmoins, apprendre à maîtriser ces outils crée une barrière pour de nombreuses organisations et individus qui ont déjà intégré Zoom dans leur quotidien. Zoom rassemble nos visages, nos voix, nos gestes, notre langage écrit, parlé ou signé, nos fichiers partagés, nos conversations et nos interactions. Il est aujourd’hui incontournable, notamment grâce à ses fonctions assistées par l’IA.
Les personnes malentendantes notamment, utilisent la fonction de sous-titrage gratuit pour un accès aisé. Les patients de leur côté, se servent des transcriptions pour référence après une consultation médicale. Quant aux étudiants, ils peuvent tirer profit de la fonction « prise de notes améliorée Zoom IQ ». Ces fonctionnalités rendent l’application plus accessible et utilisateur-friendly.
Les nouvelles conditions d’utilisation de Zoom permettent de révoquer l’autorisation de collecte de données
Cependant, la réponse ne doit pas être de collecter autant de données que possible pour améliorer ces outils. Au lieu de cela, Zoom devrait offrir aux clients et utilisateurs finaux une notification explicite et une explication claire. Notamment au niveau de l’usage prévu des données. On devrait cependant proposer des options de consentement précises. Ce qui permettra aux utilisateurs de révoquer cette autorisation tout en continuant à utiliser le service de base. Chaque organisation et ses utilisateurs doivent comprendre la raison derrière l’usage de ces outils. Ils doivent avoir la capacité de dire : « Oui, je consens activement ». Si, pour une raison quelconque, ils manquent cette information, le choix par défaut devrait être « Non, cet utilisateur ne consent pas, à moins qu’il ne manifeste activement son approbation ».
Quoi qu’il advienne, l’expérience de Zoom devrait servir d’enseignement pour les autres entreprises. Autrement dit celles qui envisagent de s’affranchir du consentement de leurs utilisateurs. Les individus accordent désormais davantage d’attention à ces questions. Ils sont plus enclins à agir ensemble pour préserver leur vie privée contre la collecte excessive de données. Bien que soulever l’alarme ou changer de plateforme puisse sembler gênant, de plus en plus de personnes affirment que c’est parfois nécessaire.
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