Confidential computing : exploiter ses données sans en perdre le contrôle

Longtemps vulnérables pendant leur phase de traitement, les données sensibles bénéficient désormais d’une protection grâce au confidential computing. De la finance à la pharmacie, en passant par la logistique, cette approche transforme la façon dont les entreprises exploitent leurs informations stratégiques sans en perdre le contrôle.

Qu’est-ce que le confidential computing ?

Le confidential computing, ou informatique confidentielle, a pour objectif de protéger les données sensibles pendant leur traitement actif. Une phase qui, jusqu’à récemment, restait particulièrement vulnérable aux actes de piratage informatique.

En effet, bien que ces données soient généralement chiffrées lorsqu’elles sont stockées (au repos) ou transmises sur un réseau (en transit), elles doivent être déchiffrées en mémoire pour pouvoir être traitées par le processeur. C’est à ce moment précis que les attaques malveillantes sont les plus susceptibles de compromettre leur confidentialité.

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Pour contrer ce risque, le confidential computing s’appuiera sur des environnements d’exécution de confiance (Trusted Execution Environments, ou TEE). Il s’agit de zones hautement sécurisées directement intégrées au processeur.

Cette isolation matérielle garantit que, même en cas de compromission du système d’exploitation, on ne peut consulter ni modifier aucune donnée depuis l’extérieur. Le confidential computing prend ainsi tout son sens dans les environnements , où les infrastructures partagées exposent les données à des risques élevés.

Des enclaves sécurisées au cœur du confidential computing

Les environnements d’exécution de confiance (Trusted Execution Environments – TEE) sont au cœur de l’informatique confidentielle. Leur rôle : abriter et protéger les données sensibles en les isolant du reste du système.

Concrètement, les TEE sont coupés non seulement du système d’exploitation et de l’hyperviseur — notamment dans les environnements virtualisés — mais aussi du fournisseur de cloud lui-même. Cette séparation stricte garantit qu’aucun administrateur système ne peut accéder aux données protégées. C’est cette étanchéité qui vaut aux TEE le nom d’« enclaves sécurisées ».

Le fonctionnement d’une enclave sécurisée repose par ailleurs sur une chaîne d’étapes rigoureusement contrôlées. Tout commence par le chiffrement des données à la source, avant leur transfert vers l’enclave. À leur arrivée, le processeur procède à leur déchiffrement de manière immédiate. Durant toute cette phase de traitement, les données restent confidentielles : seul un code préalablement certifié est autorisé à y accéder.

Une fois les opérations terminées, les résultats sont chiffrés avant de sortir de l’enclave. Ce niveau d’exigence fait des enclaves sécurisées un pilier fondamental du Confidential Computing.

Comment les grands acteurs sécurisent-ils le traitement des données critiques ?

Intel a été l’un des pionniers du confidential computing avec l’introduction de SGX (Software Guard Extensions). Cette technologie permet d’isoler des opérations critiques comme le chiffrement de mots de passe ou la gestion d’identifiants.

De son côté, AMD a développé SEV (Secure Encrypted Virtualization), une technologie qui chiffre l’intégralité de la mémoire utilisée par une machine virtuelle. Même l’hyperviseur — pourtant responsable de leur gestion — n’a aucun accès au contenu de cette mémoire. Ce cloisonnement strict assure la confidentialité des traitements, en particulier dans les environnements cloud multi-locataires où plusieurs clients partagent la même infrastructure.

Amazon Web Services dispose également d’une solution cloud-native avec Nitro Enclaves. C’est une solution qui permet de scinder une machine virtuelle en deux environnements distincts. D’un côté, on a une zone d’exécution classique. Et de l’autre, une enclave isolée, déconnectée totalement du réseau et du stockage.

Des outils logiciels viennent compléter ces solutions matérielles en facilitant leur intégration. Des frameworks tels qu’ Enclave SDK, Microsoft Azure Confidential Computing ou Fortanix ESDK permettent ainsi aux développeurs d’exploiter les enclaves sécurisées sans se soucier des complexités techniques de bas niveau.

Protéger les données là où elles ont le plus d’importance

Le confidential computing est utile partout où il faut garantir que les données restent sûres et à l’abri des regards indiscrets.

Par exemple, dans le secteur bancaire et financier, la confidentialité des transactions représente un enjeu crucial. Les données manipulées — numéros de compte, informations d’identification, détails de paiement — sont d’une extrême sensibilité.

Dans l’industrie pharmaceutique,  le confidential computing permet de partager des données de recherche avec des partenaires — voire des concurrents — sans courir le risque de dévoiler ses secrets industriels et ses savoir-faire. Les enclaves sécurisées fonctionnent comme des zones neutres de collaboration au sein desquelles chaque participant peut intervenir en toute confiance.

Dans les secteurs de la logistique et de la distribution, les entreprises effectuent régulièrement des calculs complexes. Il peut s’agir, par exemple, d’évaluer la rentabilité d’une opération ou de prévoir les niveaux de stocks. Ces traitements reposent sur des données stratégiques, telles que les conditions commerciales, les accords tarifaires ou les informations fournisseurs.

Le confidential computing apporte une réponse fiable à ces enjeux. Elle permet d’analyser et de traiter ces données sensibles en toute sécurité, à chaque étape du processus. Cela ouvre des perspectives inédites : les entreprises peuvent désormais exploiter tout le potentiel de leurs données. Et ce, sans craindre de compromettre leurs secrets commerciaux ou leurs avantages stratégiques.

Isolation, chiffrement, conformité : les promesses du confidential computing

L’un des principaux avantages du confidential computing est sa capacité à renforcer la sécurité des systèmes. Même si l’environnement d’exécution est compromis, les données traitées dans l’enclave restent inaccessibles. Cela représente un vrai changement par rapport aux approches classiques, qui supposent que l’ensemble de l’infrastructure est fiable.

Cette isolation matérielle est particulièrement utile pour les entreprises soumises à des règles strictes en matière de protection des données. Des réglementations comme le RGPD en Europe, le HIPAA aux États-Unis ou la norme ISO 27001 exigent des niveaux élevés de sécurité. En protégeant les données pendant leur traitement, l’informatique confidentielle aide les entreprises à mieux respecter ces obligations et à limiter les risques en cas d’incident.

Un autre avantage important du cloud computing est que l’entreprise garde le contrôle total de ses clés de chiffrement. Contrairement aux services cloud classiques, où le fournisseur peut gérer ou stocker les clés, ce modèle permet au client d’en rester l’unique détenteur. Cela renforce la confidentialité des données, même dans des environnements partagés ou externalisés.

Ce contrôle exclusif présente un intérêt majeur : même en cas de requête légale, le fournisseur de services cloud ne peut techniquement pas accéder aux données protégées. Il n’a ni les clés de chiffrement ni les moyens de les récupérer. Cette garantie technique renforce la confiance des entreprises des entreprises dans l’usage du  confidential computing pour protéger leurs données sensibles.

Les défis de l’implémentation

Malgré ses nombreux avantages, l’informatique confidentielle se heurte encore à plusieurs obstacles majeurs qui freinent son adoption. Bien qu’elle promette un niveau de sécurité inédit pour les données en cours de traitement, sa mise en œuvre reste complexe et peu accessible pour une majorité d’organisations.

L’un des principaux défis réside dans l’adaptation des logiciels existants. Pour qu’une application puisse s’exécuter au sein d’une enclave sécurisée, une refonte en profondeur de son architecture et de son code est souvent nécessaire. Cette transformation exige non seulement une expertise pointue en sécurité matérielle, mais également une compréhension fine du fonctionnement des enclaves. Ce qui limite considérablement le nombre d’équipes capables de mener à bien une telle migration.

Les profils capables de concevoir ou d’adapter des systèmes à l’informatique confidentielle sont par ailleurs encore peu nombreux.

Par ailleurs, le coût représente un autre obstacle important. Les fournisseurs de services cloud appliquent souvent des tarifs plus élevés pour l’utilisation d’enclaves sécurisées. Si les grandes entreprises peuvent absorber ces surcoûts, les petites et moyennes structures, aux budgets plus contraints, y voient un frein économique à l’adoption de cette technologie.

Enfin, il est essentiel de rappeler que les enclaves sécurisées ont elles aussi des failles. Bien qu’elles offrent une protection renforcée, elles restent vulnérables à certaines attaques sophistiquées, notamment les attaques par canaux auxiliaires. Ces risques soulignent la nécessité d’une vigilance constante vis-à-vis du matériel utilisé et de ses fournisseurs. Et l’importance de ne considérer aucune technologie comme absolument infaillible.

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