Le mystérieux Q, à l’origine du mouvement QAnon, est enfin démasqué. Grâce à la stylométrie, des chercheurs suisses et français ont identifié le héros des complotistes américains…
Grâce à un logiciel de Machine Learning, des informaticiens sont parvenus à démasquer » Q » : le fondateur du mouvement QAnon. La découverte de deux équipes de linguistes forensiques indépendants a été partagée par le New York Times ce samedi 19 février 2022.
Selon ces scientifiques, le mystérieux individu derrière Q est un développeur logiciel sud-africain dénommé Paul Furber. Toutefois, Ron Watkins, candidat au congrès de l’Arizona, aurait aussi écrit sous ce pseudonyme. Il aurait d’abord collaboré avec Furber, puis pris le contrôle du compte pour publier des messages sur le réseau social 8chan. Comme le suggérait une IA, Q est donc bel et bien deux personnes.
Q identifié par des chercheurs suisses et français
Il s’agirait donc des deux hommes qui, depuis le début, se cachaient derrière le fameux « Q » de « #QAnon » (inutile de préciser que ni l’un ni l’autre n’a jamais été un fonctionnaire 🇺🇸 haut placé). https://t.co/ufkqMuD5mv pic.twitter.com/PCgl8A6MVY
— Conspiracy Watch (@conspiration) February 20, 2022
Les deux équipes de chercheurs, suisses et français, ont utilisé différentes méthodologies pour tirer la même conclusion. L’équipe suisse, constituée de deux chercheurs de la startup OrphAnalytics, a exploité un logiciel pour décomposer les messages de Q en patterns de séquences de trois caractères. Ils ont ensuite cherché à repérer la fréquence de répétition de ces séquences.
De son côté, l’équipe française a entraîné une IA à chercher des patterns dans l’écriture de Q. Ces deux techniques distinctes font partie de la stylométrie : une approche visant à analyser l’écriture de façon mesurable, cohérente et répliquable.
Par le passé, le Machine Learning a permis d’identifier J.K. Rowling, l’auteure de la saga Harry Potter, comme l’écrivain secret derrière le roman Cuckoo’s Calling daté de 2013. Ce thriller avait été écrit sous le pseudonyme de Robert Galbraith.
De même, les autorités utilisent la stylométrie pour résoudre de nombreuses affaires criminelles. Le FBI a par exemple pu démontrer que Ted Kaczynski était le Unabomber.
Afin d’éviter le risque de confusion entre leurs programmes respectifs, les deux équipes ont limité leurs analyses aux publications de réseaux sociaux. Parmi tous les auteurs passés au crible au travers de tests, c’est bien l’écriture de Furber et Watkins qui se révèle la plus similaire à celle de Q.
Furber et Watkins nient en bloc
Selon les linguistes Florian Cafiero et Jean-Baptiste Camps de l’équipe française, le logiciel a identifié l’écriture de Furber avec succès dans 98% des tests et celle de Watkins dans 99% des tests. La plupart des textes rédigés au début sont écrits par Furber, tandis que la signature de Ron Watkins prend de plus en plus d’importance jusqu’à ce que Paul Furber se retire totalement.
Le fait que les deux équipes soient parvenues au même résultat avec des approches différentes laisse peu de place au doute. Il semblerait que Q soit bel et bien démasqué.
Toutefois, Furber et Watkins nient en bloc avoir écrit les messages de Q. Interrogé par le New York Times, Watkins a déclaré « je ne suis pas Q « . De son côté, Furber prétend avoir été influencé par les publications de Q pour changer le style de sa prose. Les experts linguistiques estiment toutefois cette hypothèse très improbable.
Suite à cette découverte, les chercheurs espèrent atténuer l’influence de QAnon sur les » complotistes « des États-Unis et du monde entier. En effet, ce mouvement a eu un profond impact sur les réseaux sociaux et sur la politique américaine.
Il a notamment joué un rôle clé dans le déclenchement de l’attaque du Capitole du 6 janvier 2021. Même si Q n’a pas posté de nouveau message depuis la fin 2020, ses nombreux adeptes continuent à lutter contre le » Deep State » avec acharnement…
https://youtu.be/NG2yPfBN3VY
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