La tempête Ciaran a fait l’effet d’un cataclysme dans l’ouest de la France, et tout particulièrement dans la Bretagne rurale. Suite aux nombreux dégâts sur l’infrastructure, de nombreuses personnes vont rester privées d’internet fixe et mobile pendant plusieurs mois…
On l’annonçait comme la tempête du siècle, et ce n’était pas exagéré : de nombreux Bretons risquent de se souvenir de Ciaran pendant de nombreuses années.
Le directeur d’Orange Grand Ouest, Jean-Marc Escalettes, explique que « la tempête Ciaran a été la plus forte de l’histoire concernant les infrastructures télécoms ». Pour cause, en 1987 et 1999, les réseaux internet et mobile étaient beaucoup moins présents.
Comme le révèle la carte mise à jour quotidiennement par l’Arcep, son passage dans l’ouest de la France a privé plus d’un million de personnes de réseau mobile. Une catastrophe confirmée par le ministre du numérique Jean-Noël Barrot.
Le vendredi 3 novembre, au lendemain de la tempête, plus de 1,5 million de Français étaient privés d’internet ou de téléphone selon la Fédération Française des Télécoms (FFT).
Les réseaux mobiles sont particulièrement touchés, avec 1,2 million de clients dans l’incapacité de passer des appels, d’envoyer des textos ou même d’utiliser la 4G/5G. En outre, plus de 420 000 clients étaient privés d’internet fixe (ADSL ou fibre).
Une panne d’internet massive causée par les coupures d’électricité
En Bretagne et dans la région de Nantes, en Normandie, en Vendée et même dans la Somme, des centaines d’antennes-relais d’opérateurs censées connecter nos smartphones aux réseaux 2G, 3G, 4G ou 5G sont hors-service à cause des coupures électriques.
Les équipements « actifs » des réseaux fixes et mobiles requièrent en effet l’électricité pour fonctionner. De plus, les vents forts ont causé des dégâts directs sur les infrastructures télécoms telles que les pylônes.
Selon Orange, le département du Finistère est particulièrement frappé. Le 6 novembre 2023, le ministre était d’ailleurs venu constater les dégâts dans la ville de Rosporden.
Tout comme Bouygues et SFR, l’opérateur historique coopère avec les équipes d’Enedis pour rétablir l’électricité et les réseaux mobiles dans les zones sinistrées.
D’ordinaire, en cas de coupure d’électricité, les opérateurs peuvent utiliser un approvisionnement indépendant comme une batterie ou un groupe électrogène en guise d’alternative temporaire.
En l’occurrence, ce n’est toutefois pas possible en raison du grand nombre de sites concernés. Cela coûterait beaucoup trop cher d’autant que certaines antennes sont très difficiles d’accès.
Si la filière n’a pas encore révélé le coût économique de cette terrible tempête, les analystes de Risk Weather Tech estiment qu’elle pourrait coûter jusqu’à 480 millions d’euros aux assureurs.
Pas d’internet avant des mois dans certaines zones du Finistère
Comme l’avait promis un responsable d’Orange auprès d’une députée de la circonscription Châteaulin-Carhaix, 90% des clients impactés par la tempête ont pu retrouver un service internet normal moins d’une semaine après le sinistre.
De même, dans les Côtes d’Armor, 95 000 clients étaient coupés du réseau mobile le 2 novembre, mais le nombre était tombé à 14 000 une semaine plus tard.
Cependant, pour les 10% de clients restants, généralement vivants dans des communes rurales, les opérateurs estiment que le réseau ne reviendra pas avant « quatre à six semaines »…
Comme l’a confirmé Michel Loussouarn, le maire de Rosporden, plus de 314 foyers étaient encore privés d’électricité dans la petite ville du 29 le 6 novembre.
Face à cette situation difficile, l’entraide et la solidarité sont de mise. Une salle équipée de fours à micro-ondes et de prises électriques pour recharger son téléphone est mise à disposition des habitants.
La commune a aussi ouvert les vestiaires et sanitaires du complexe sportif du Rozanduc pour leur permettre de prendre une bonne douche chaude.
La fibre aérienne, une erreur stratégique ?
Ailleurs en Bretagne, à Quistinic dans le Morbihan, beaucoup d’habitants étaient également privés d’internet le 5 novembre 2023 et certains le sont toujours plus d’une semaine après.
Pour le maire, Antoine Pichon, l’erreur a été l’installation aérienne de la fibre optique. Il avait d’ailleurs insisté auprès du syndicat Mégalis en charge du déploiement de développer un réseau enterré pour limiter les risques de casse à cause du vent.
Malgré ses avertissements, la ligne a été installée cette année dans les airs et traverse des zones boisées. Elle a été cassée sur de nombreux points par la chute de branches et d’arbres.
Ce très regrettable incident illustre l’importance d’adapter l’installation du réseau à l’environnement et à ses conditions, et de faire confiance à l’expertise des élus locaux.
Depuis l’essor des smartphones et de l’internet mobile, nous nous sommes habitués à pouvoir accéder à internet en permanence. Se priver de cette technologie est devenu très difficile, et beaucoup ne réalisent pas à quel point elle est devenue omniprésente dans nos vies.
Comme l’a dit le ministre Jean-Noël Barrot, « il va falloir tirer des enseignements de cette tempête ». En attendant, les Bretons impactés par cette longue panne vont devoir réapprendre à vivre à l’ancienne…
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