Le chatbot IA Google Bard a commis une erreur factuelle… dans la démo officielle censée vanter ses mérites. Suite à ce raté, la firme a perdu 7% de valeur en bourse et 100 milliards de dollars sont partis en fumée. L’intelligence artificielle est-elle surcotée ?
Après une annonce en fanfare, Google était présent à Paris le 8 février 2023 pour dévoiler son IA : Bard, un chatbot basé sur l’intelligence artificielle LaMDA et capable de surpasser ChatGPT dont tout le monde parle ces dernières semaines.
À l’heure où de nombreux experts prédisent la mise à mort des moteurs de recherche classique par ces nouveaux outils, le géant californien était attendu au tournant.
Durant la présentation, l’un des cadres de la firme a évoqué le futur usage de cette technologie pour offrir des réponses plus complètes et conversationnelles aux requêtes de recherche web. Selon ses dires, l’IA va paver la voie pour la « prochaine génération de produits d’information ».
De quoi laisser entrevoir de nombreuses possibilités ! Malheureusement, avant même d’être disponible publiquement, Bard s’est déjà fait remarquer en commettant une erreur…
Google Bard se trompe dès la première démonstration
https://twitter.com/Google/status/1622710355775393793
Dans la démonstration publiée sur Twitter par Google, un utilisateur pose une question à l’IA : « De quelles nouvelles découvertes du James Webb Space Telescope puis-je parler à mon enfant de 9 ans ? ».
Le chatbot répond alors avec une liste, et affirme notamment que « JWST a pris la toute première photo d’une planète hors de notre système solaire ».
Or, comme tout le monde le sait, la première image présentant une planète au-delà de notre système a été prise en 2004 par le Very Large Telescope du European Southern Observatory.
Bon, si vous ne le saviez pas, on vous pardonne. À vrai dire, nous n’en avions aucune idée non plus.
En revanche, c’est difficilement pardonnable pour un chatbot supposé être suffisamment fiable pour remplacer les recherches Google, Wikipédia ou même les livres au format papier. Et surtout lors d’une démonstration censée mettre en lumière ses prouesses…
Alphabet s’effondre en bourse
Suite à ce fiasco, l’action de la maison-mère de Google, Alphabet, a perdu 7,7% de valeur en bourse. Ce qui représente tout de même 100 milliards de dollars…
Bien évidemment, il est tout à fait possible que cette bévue ne soit pas représentative des performances de Google Bard. Lorsque cet outil aura été testé par les premiers utilisateurs, il sera possible d’en juger.
Néanmoins, cet incident illustre les défis auxquels Google est confronté dans le domaine de l’IA. Alors que la firme comptait développer son chatbot dans son coin pendant encore plusieurs années, l’arrivée en force de ChatGPT l’a forcé à se précipiter.
Son grand rival Microsoft a investi 10 milliards de dollars dans OpenAI, et compte intégrer ChatGPT à son propre moteur de recherche Bing. Craignant de perdre son hégémonie, Google a été jusqu’à rappeler ses fondateurs à la rescousse.
Toutefois, en voulant simplement s’aligner sur la concurrence, Google risque à présent de ternir sa réputation et du même coup celle de son moteur de recherche considéré comme digne de confiance par plus d’un milliard d’internautes dans le monde…
Intelligence artificielle ou superficielle ?
Au-delà de Google, ce regrettable événement remet en question l’engouement récent suscité par ce type d’IA. Depuis son lancement fin 2022, ChatGPT est sous le feu des projecteurs et souvent décrit comme une technologie révolutionnaire. Mais est-ce vraiment le cas ?
Comme Bard, ChatGPT est basé sur un large modèle de langage, entraîné sur des données en ligne pour générer des réponses pertinentes aux questions des utilisateurs. Or, voilà bien longtemps que des chercheurs avertissent sur les risques de propagation d’informations erronées par ces outils.
En outre, l’un des plus éminents experts du domaine considère que ces chatbots sont totalement surcotés. Il s’agit du Français Yann LeCun, scientifique IA en chef chez Meta. Selon lui, ChatGPT n’est pas particulièrement innovant et repose sur des technologies existantes depuis de nombreuses années.
La mésaventure de Google Bard semble lui donner en partie raison. Si ces chatbots ne sont pas totalement fiables, ils deviennent quasiment inutiles et ne sont clairement pas prêts pour un usage généralisé.
Pour l’heure, Google se rattrape du mieux qu’il peut en déclarant que « ceci met en lumière l’importance d’un processus de test rigoureux, quelque chose que nous allons commencer cette semaine avec notre programme Trusted Tester ».
Rappelons en effet que l’accès à Bard sera réservé à des testeurs sélectionnés par Google dans un premier temps. La firme compte combiner le feedback externe avec ses propres tests internes pour s’assurer que les réponses de l’IA répondent à ses standards de qualité, sécurité et fiabilité.
Le lancement public n’est prévu que dans quelques semaines. Espérons que le barde accorde son instrument d’ici là…
Et vous, que pensez-vous de ces IA ? S’agit-il vraiment d’outils révolutionnaires ou de simples gadgets éphémères ?
https://www.youtube.com/watch?v=n9s0_bwKiFY
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