Free Mobile pensait marquer des points avec son VPN gratuit intégré à ses forfaits ; mais au lieu d’un carton plein, le mVPN s’attire critiques et soupçons. Associations familiales, politiques et experts en cybersécurité montent au créneau.
Lancé discrètement par Free, le mVPN devait être un argument de poids pour séduire ses abonnés. plus de sécurité, une IP étrangère à portée de main et, surtout, zéro surcoût. Pourtant, ce service censé protéger les usages numériques déchaîne aujourd’hui une vive polémique. Entre risques de contournement des lois sur la vérification d’âge et limites techniques bien réelles, le VPN de Free est loin de faire l’unanimité.
mVPN de Free fâche les politiques
Free intègre un VPN gratuit directement dans ses offres mobiles. Ainsi, les abonnés peuvent obtenir une adresse IP étrangère, comme en Italie, grâce aux serveurs de la maison mère Iliad.
🗞️[COMMUNIQUE DE PRESSE]@free change la donne en devenant le 1er opérateur au monde à inclure sans frais un service VPN grand public intégré à son cœur de réseau mobile.
— Groupe iliad (@GroupeIliad) September 16, 2025
Free mVPN, simple à activer, fiable et doté d’une protection contre les contenus malveillants, est inclus… pic.twitter.com/gYt7pdvlsO
Toutefois, cette fonctionnalité a un effet secondaire qui ne passe pas. mVPN permet de contourner la fameuse vérification d’âge imposée en France pour accéder aux sites pornographiques. En se connectant via une IP étrangère, plus besoin de prouver que l’on est majeur.
Le député Thierry Sother a rapidement réagi, estimant que ce service pouvait donner aux mineurs un accès trop simple à ces sites. Il a saisi l’Arcom (le régulateur de l’audiovisuel et du numérique) pour évaluer la légalité de la chose.
Interrogé par Le Monde, Free a quand même assuré que seuls les adultes peuvent activer le mVPN et rappelle qu’il n’encourage aucun usage particulier.
Du côté des associations familiales, Olivier Gérard, coordonnateur à l’Unaf, y voit une contradiction. « On dit aux parents que pour sécuriser la navigation de leurs enfants, ils doivent leur permettre de contourner les interdits. » a-t-il déclaré.
Des limites techniques au-delà de la polémique
Sachez également que le mVPN de Free n’a rien à voir avec un VPN classique comme NordVPN ou ProtonVPN. Il ne rend pas anonyme. Oui, vous aurez une IP étrangère, mais non, vos activités ne disparaissent pas dans le néant numérique.
Free, via Iliad, gère donc directement les serveurs et garde la main sur vos connexions. Comme le rappelle Bluetouff, la plupart des VPN qui promettent zéro log enjolivent déjà la réalité. Avec Free, l’opérateur sait exactement ce que vous faites.
Contrairement aux VPN classiques, mVPN ne fonctionne que sur le réseau mobile Free en France. Il est donc impossible de l’activer sur un Wi-Fi public, alors même que c’est l’un des usages les plus recherchés d’un VPN.
Vous ne pouvez donc pas sécuriser votre connexion Starbucks avec ce service. Je pense que ce n’est pas très flexible pour un outil censé renforcer la sécurité en ligne.
Un dernier détail repéré par les journalistes de Next. La « protection renforcée contre les contenus frauduleux » du mVPN s’appuie sur DNS4EU, une initiative de la Commission européenne. Free utilise la version « Protective resolution », qui bloque certains sites frauduleux connus.
Malgré tout, Free n’a pas choisi la variante « with child », qui inclut aussi une protection renforcée pour les mineurs. Et c’est un choix qui n’arrange pas son image, vu le contexte actuel. Avec son mVPN, Free voulait sans doute offrir un service utile, pratique et gratuit à ses abonnés. Mais entre les polémiques politiques, les associations familiales en colère, et les limites techniques, le cadeau a un goût amer.
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